Publié : 03 oct. 2008 19:13
@Philippe Bettig, Président de l’ANCGE wrote:
Lettre ouverte aux chasseurs de gibier d’eau
A en croire certains, depuis une quinzaine voire une vingtaine d’années, les chasseurs de gibier d’eau français sont pris dans une spirale de l’échec, irréversible, irrémédiable, que nul ne parviendrait à stopper ou même à ralentir : moins de temps de chasse, des contraintes à la pelle, un découragement ambiant contagieux, moins de chasseurs, moins de gibier, moins d’hiver, le permis plus cher, les munitions aussi, etc, etc,…
La chasse du gibier d’eau se porte-t-elle si mal ?
En 2000, alors que le Timbre Gibier d’Eau existait encore pour ceux désirant chasser plus tôt en été, aux heures crépusculaires et la nuit ainsi que sur le domaine public maritime, les chasseurs concernés étaient à peu près 200.000. Les spécialistes pourrait-on dire. A ceux-là s’ajoutaient logiquement des chasseurs de gibier d’eau occasionnels, plus généralistes, estimés à 100.000.
Au total 300.000 adeptes de la chasse des oiseaux d’eau migrateurs sur un nombre total de chasseurs qui frôlait encore les 1,8 millions, grosso modo 16 %. Aujourd’hui, sans le Timbre Gibier d’Eau, l’estimation de l’effectif sauvaginier est plus hasardeuse. On peut néanmoins considérer que les spécialistes de cette chasse sont encore 130.000 à 150.000, les occasionnels ont eux aussi vu leurs effectifs baisser et seraient entre 70.000 et 90.000. Au total, les chasseurs de gibier d’eau semblent aujourd’hui être aux environs de 220.000 alors que le nombre de chasseurs en France qui a lui aussi chuté d’une façon générale est à 1.350.000.*
Nous serions donc encore à 16 %, soit stables en pourcentage depuis une dizaine d’années en dépit d’un effectif réel rogné de 30 %.
Une situation qui reflète l’évolution de notre société plutôt qu’une régression honteuse de la chasse du gibier d’eau.
Le malaise des dates
Reste à savoir ce qui, au-delà decette baisse des effectifs, nourrit ce climat ambiant défaitiste et nauséeux chez les chasseurs de gibier d’eau.
Il semble à ce niveau qu’il faille remonter à la fin des années 80, ces années pendant lesquelles la D79/409, la directive Oiseaux de 1979, a été mise en avant par des structures anti-chasse devant les tribunaux qui ne l’ont pas toujours interprétée comme nous l’aurions souhaité.
Les dates de chasse du gibier d’eau étaient alors de la compétence du Préfet, différentes d’un département à l’autre, et les périodes les plus larges s’étendaient du dernier samedi de juillet pour le DPM, avec un décalage de 8 à 15 jours pour les marais intérieurs, jusqu’au 28 février, avec, déjà, un étalement par décade à partir du 31 janvier.
L’incertitude de ce dispositif, sa variabilité aussi, furent particulièrement mal ressenties. L’avantage principal du système antérieur : 14 juillet – 28 février (31 janvier pour le colvert) était sa stabilité, son antériorité et sa facilité de repérage. Chacun savait par avance à partir de quand et jusque quand il pourrait chasser les oiseaux d’eau. Chacun pouvait ainsi anticiper aisément, sans le moindre doute, ce que ne permirent plus les calendriers changeant d’une année sur l’autre, d’un département à l’autre.
Ce malaise est encore ressenti aujourd’hui au motif que les dates d’ouverture de la chasse dans les marais intérieurs et l’arc méditerranéen ne sont pas encore re-stabilisées alors qu’elles le sont, de façon plutôt satisfaisante, pour le DPM Manche-Mer du Nord-Atlantique. Même impression déplaisante pour les dates de fermetures que les chasseurs de gibier d’eau aspirent à voir à nouveau fixées de façon durable, préalable et lisible.
Une chasse pourtant consolidée et renforcée Si l’on accepte de regarder ailleurs que cette perturbante et obnubilante variabilité du calendrier cynégétique, on ne peut toutefois contester que la chasse du gibier d’eau s’est plutôt bien consolidée durant les dernières décennies.
Une consolidation due principalement à l’action quotidienne et à la ténacité de l’ANCGE, l’Association Nationale des Chasseurs de Gibier d’Eau de France, la plus grande association de chasse spécialisée d’Europe.
La chasse sur les domaines publics maritime et fluvial
Au milieu des années 70, l’ANCGE a créé, installé, développé et fait fonctionner le réseau des associations de chasse maritime.
Ce réseau exemplaire existe toujours et fonctionne toujours. Grâce à lui, la chasse du gibier d’eau est restée démocratique et populaire en France, accessible à tous, aux plus jeunes et aux moins favorisés notamment, pour un prix particulièrement modique.
Sans ce dispositif imaginé et mis en place par l’ANCGE seule, la chasse sur le domaine public maritime aurait d’abord été cédée aux plus offrants, excluant ainsi les moins fortunés. Elle aurait ensuite été contestée, attaquée d’autant plus facilement qu’elle n’aurait concerné qu’un nombre très restreint de privilégiés.
Les territoires maritimes seraient assurément aujourd’hui tous hors chasse. L’action remarquable de l’ANCGE a permis d’éviter cela, de maintenir ainsi la chasse la plus démocratique qui soit et un nombre conséquent de chasseurs de gibier d’eau.
Ce schéma exemplaire a ensuite été reproduit sur le domaine public fluvial. Là aussi, des associations spécifiquement créées ont permis et permettent encore à de nombreux chasseurs de gibier d’eau de l’intérieur de pratiquer leur passion pour une cotisation peu élevée.
Ce schéma historique et pérenne dont tous les chasseurs de gibier d’eau des domaines publics maritime et fluvial profitent depuis plus de 30 ans est le fait de l’ANCGE seule.
Sans elle, sans son action et son engagement, ces modes de chasse n’existeraient plus, ces associations n’auraient jamais vu le jour et la force qu’elles tirent aujourd’hui de leurs 40.000 adhérents ne serait pas.
Un passé récent, parfois un peu trop facilement oublié, et une absence de reconnaissance et de gratitude que l’ANCGE subit souvent tant en la regrettant qu’en la déplorant. D’autant plus que c’est toujours elle qui, tous les 9 ans (ou 6 ans pour le fluvial), négocie les conditions générales de location du domaine public à ces associations dans l’intérêt de leurs 40.000 adhérents. Sans aucun retour direct ni garantie de retour.
La chasse de nuit
Ici encore l’action de l’ANCGE durant la dernière décennie a été aussi remarquable qu’efficace.
Après 65 ans de lutte pour la légalisation de la chasse de nuit, après 65 ans d’un régime de tolérance fluctuant, pénible, l’ANCGE a atteint son objectif premier en 2000 alors même qu’un projet de loi chasse visait à interdire, de façon définitive et irréversible, toute forme de chasse de nuit à la hutte. L’incroyable exploit a été réalisé et s’est concrétisé dans la loi du 26 juillet 2000.
Sur cette base, plus de 15.000 installations de chasse de nuit ont été déclarées, répertoriées, officialisées, immatriculées.
45.000 chasseurs de gibier d’eau passionnés, spécialisés le plus souvent (sur la base de 3 en moyenne par installation), en profitent dorénavant, pérennement, sereinement, durant chacune des nuits de la saison tant en domaine public que privé.
15.000 propriétaires ont ainsi vu aussi leur capital revalorisé.
En 2001, des structures anti-chasse ont tenté une ultime remise en cause de cette avancée en contestant la légalité des dispositions relatives à la chasse de nuit devant le Conseil d’Etat.
L’ANCGE, une fois encore, s’est emparée du dossier, s’est attelée à la tâche. Une fois encore, elle a gagné, renforçant au passage encore un peu plus le droit de chasse de nuit à la hutte grâce à la reconnaissance par le Conseil d’Etat de son caractère culturel et traditionnel dans chacun des départements où elle est historiquement pratiquée.
Une victoire éclatante et incontestable pour tous les huttiers de France dont, bizarrement et paradoxalement, la gratitude envers l’ANCGE a été nulle ou presque.
Appelants et Influenza aviaire
Autre attaque indirecte sur la chasse de nuit a bien failli aussi lui être fatale : la remise en cause de l’usage des appelants.
Rappelez-vous l’interdiction de cette pratique décidée par la Commission européenne au motif du risque de propagation de l’Influenza aviaire et du risque de transmission du virus de l’animal vers l’homme.
Sans appelants, finie la chasse de nuit. Dans cette affaire aussi, c’est l’ANCGE, seule, qui est montée au créneau. Un dossier aussi technique que volumineux et motivé a été constitué en un temps record pour être porté par les services ministériels compétents devant la Commission européenne. Une dérogation inespérée, inaccessible selon certains, a été obtenue.
Une nouvelle victoire aussi remarquable qu’exceptionnelle dont les contreparties, traçabilité et suivi sanitaire, semblent seules avoir retenu l’attention.
Pourtant, même s’il faut déclarer les appelants, les baguer, les enregistrer sur un carnet, leur faire subir des tests épidémiologiques, l’essentiel n’est-il pas de pouvoir continuer à les utiliser normalement ? De pouvoir chasser comme nous l’avons toujours fait ?
Mieux, ces contraintes déclaratives ne sont-elles pas une forme de reconnaissance officielle de cette pratique de chasse tant à l’échelon national que communautaire ?
Ne sont-elles pas une garantie pour l’avenir ?
Pourtant cette dérogation à laquelle peu croyaient, obtenue en dépit d’obstacles quasi-insurmontables, a valu à l’ANCGE plus de critiques et déboires que de remerciements et d’encouragements, plus de défections que d’adhésions.
Les bagues, vendues à prix coûtant par l’ANCGE, seraient trop chères selon certains et l’Association Nationale gagnerait de l’argent à les vendre.
A ce stade, la désinformation s’ajoute à l’ingratitude pour nuire et salir l’action d’une structure dont l’unique moteur est l’intérêt du chasseur de gibier d’eau et la pérennité de la chasse du gibier d’eau.
Des avancées insuffisamment appréciées
Chasse maritime, chasse fluviale, chasse de nuit, appelants sont autant d’avancées incontestables que l’ANCGE a obtenues durant les 30 dernières années, consolidées ou légalisées durant les 10 dernières.
Ces victoires, aussi éclatantes que parfois inespérées, n’ont toutefois pas apporté à l’ANCGE le soutien qu’elle était en droit d’attendre.
Tout au contraire, son nombre d’adhérents fond tandis qu’elle subit sans cesse les critiques injustifiées de ses détracteurs voire la désinformation de certains malveillants.
Il est temps que cela cesse.
Il est temps que les chasseurs de gibier d’eau reprennent leur avenir en main en accordant à nouveau, de façon massive, leur confiance à leur Association Nationale, la seule qui les défende quotidiennement et efficacement.
Cette confiance est plus que Jamais nécessaire. Les discussions et négociations menées actuellement autour des tables rondes de la chasse sur les dates de chasse des oiseaux d’eau et la liste des espèces chassables ne pourront être menées à bien, dans l’intérêt des chasseurs de gibier d’eau, qu’avec une association nationale forte, puissante, nombreuse, porteuse d’une vision unitaire et solidaire de la chasse du gibier d’eau. C’est à cela que chacun des chasseurs de gibier d’eau de France qui lira ces lignes doit s’engager de façon urgente et prioritaire.
Les tables rondes de la chasse
Celles-ci aussi ont amené une nouvelle vague de critiques envers l’ANCGE de la part de quelques uns assurément plus bruyants et remuants que nombreux et efficaces. Ces tables rondes, une nouvelle démarche, une nouvelle forme de négociation et de gouvernance, ne sont pourtant pas closes. Seul le débat sur les dates d’ouverture a été amorcé, sans être définitivement conclu, et quelques décisions manifestement précipitées ont été arrêtées pour 3 espèces chassables dont le courlis cendré, le « grand gibier » du chasseur à la botte du DPM. L’ANCGE a déjà réagi vivement à ces moratoires et les a contestés. Nous ne sommes néanmoins qu’au
tout début de la négociation, qu’aux prémices d’une nouvelle forme de débat plus axée sur la discussion, l’échange et la concertation que sur l’opposition frontale, idéologique et/ou viscérale. Une réelle révolution au niveau de la méthode.
Sur le fond toutefois, les objectifs de l’ANCGE restent les mêmes, fidèlement : l’amélioration et la stabilisation des dates de chasse, le maintien de la liste des espèces chassables en France, une approche scientifique objective et partagée de la gestion et de l’usage durable des populations d’oiseaux d’eau migrateurs chassables en France, et, mission fondamentale, la conservation des zones humides.
Si, pour l’instant, les conclusions temporaires et partielles des tables rondes de la chasse n’ont pas permis tout cela, la suite le devrait assurément, d’autant que les premiers résultats ne sont pas si néfastes que ça.
Le 21 août plutôt que le 31 est une indéniable avancée pour les zones humides intérieures et l’arc méditerranéen. Le 15 août en sera une seconde, plus stable, plus lisible et plus satisfaisante.
Même remarque pour le 15 septembre. C’est incontestablement une amélioration du calendrier vis-à-vis des 2ème, 3ème et 4ème samedis de septembre que nous subissions précédemment. C’est plus simple et plus lisible. C’est aussi un peu plus tôt mais pas encore assez. L’ANCGE doit encore progresser sur ce point.
La renaissance de l’Observatoire National de la faune sauvage et de ses habitats sous une forme nouvelle, le GECO (Groupe d’Experts sur la Chasse et les Oiseaux), est une 3ème avancée remarquable.
Les groupuscules protectionnistes étaient parvenus, par le boycott, à bloquer l’Observatoire National ; ils ne pourront procéder de même avec le GECO, sauf à se désavouer et à se marginaliser. La consultation scientifique et l’expertise objective vont donc pouvoir jouer pleinement à nouveau. Assurément, du mieux en découlera, pour le 15 août, pour le courlis cendré, pour la barge à queue noire, pour le vanneau, comme pour la fermeture du 10 février et celle du 20 février.
C’est, en tous cas, ce à quoi s’attelle et s’engage l’ANCGE. Ce pour quoi elle a besoin du soutien unanime et sans faille de tous les chasseurs de gibier d’eau de France.
Une stratégie de reconquête
Pour mener à bien ces combats, pour emporter de nouvelles victoires, pour l’avenir de la chasse du gibier d’eau, l’ANCGE a besoin d’une base solide, nombreuse et forte d’où cet appel pressant au recrutement et au retour dans les rangs de ceux qui les auraient momentanément quittés.
Il est encore temps d’adhérer pour 2008, même si l’année est déjà bien entamée (Rappel : pour une adhésion de 45 €, vous récupérez 29,70 € sur vos impôts, bénéficiez de la revue La Sauvagine du 1er janvier au 31 décembre 2008 et de tarifs privilégiés sur les différentes prestations de l’ANCGE. Tarif réduit pour les non-imposables : 20 €).
Il est temps aussi de préparer 2009. L’ANCGE va tout prochainement lancer une grande opération de parrainage en direction des adhérents 2008 qui adhéreront en 2009 en faisant adhérer des chasseurs de gibier d’eau de leur entourage. Cette action sera déclinée et expliquée dans vos prochaines revues d’ici à 2009 mais, dès à présent, il faut vous y préparer en adhérant en 2008, en recrutant pour 2009. C’est l’intérêt et l’avenir de la chasse du gibier d’eau qui sont en jeu, votre intérêt et votre avenir. D’où la conviction profonde qu’aucun de vous ne saura rester insensible à cet appel aussi fort que sincère
Lettre ouverte aux chasseurs de gibier d’eau
A en croire certains, depuis une quinzaine voire une vingtaine d’années, les chasseurs de gibier d’eau français sont pris dans une spirale de l’échec, irréversible, irrémédiable, que nul ne parviendrait à stopper ou même à ralentir : moins de temps de chasse, des contraintes à la pelle, un découragement ambiant contagieux, moins de chasseurs, moins de gibier, moins d’hiver, le permis plus cher, les munitions aussi, etc, etc,…
La chasse du gibier d’eau se porte-t-elle si mal ?
En 2000, alors que le Timbre Gibier d’Eau existait encore pour ceux désirant chasser plus tôt en été, aux heures crépusculaires et la nuit ainsi que sur le domaine public maritime, les chasseurs concernés étaient à peu près 200.000. Les spécialistes pourrait-on dire. A ceux-là s’ajoutaient logiquement des chasseurs de gibier d’eau occasionnels, plus généralistes, estimés à 100.000.
Au total 300.000 adeptes de la chasse des oiseaux d’eau migrateurs sur un nombre total de chasseurs qui frôlait encore les 1,8 millions, grosso modo 16 %. Aujourd’hui, sans le Timbre Gibier d’Eau, l’estimation de l’effectif sauvaginier est plus hasardeuse. On peut néanmoins considérer que les spécialistes de cette chasse sont encore 130.000 à 150.000, les occasionnels ont eux aussi vu leurs effectifs baisser et seraient entre 70.000 et 90.000. Au total, les chasseurs de gibier d’eau semblent aujourd’hui être aux environs de 220.000 alors que le nombre de chasseurs en France qui a lui aussi chuté d’une façon générale est à 1.350.000.*
Nous serions donc encore à 16 %, soit stables en pourcentage depuis une dizaine d’années en dépit d’un effectif réel rogné de 30 %.
Une situation qui reflète l’évolution de notre société plutôt qu’une régression honteuse de la chasse du gibier d’eau.
Le malaise des dates
Reste à savoir ce qui, au-delà decette baisse des effectifs, nourrit ce climat ambiant défaitiste et nauséeux chez les chasseurs de gibier d’eau.
Il semble à ce niveau qu’il faille remonter à la fin des années 80, ces années pendant lesquelles la D79/409, la directive Oiseaux de 1979, a été mise en avant par des structures anti-chasse devant les tribunaux qui ne l’ont pas toujours interprétée comme nous l’aurions souhaité.
Les dates de chasse du gibier d’eau étaient alors de la compétence du Préfet, différentes d’un département à l’autre, et les périodes les plus larges s’étendaient du dernier samedi de juillet pour le DPM, avec un décalage de 8 à 15 jours pour les marais intérieurs, jusqu’au 28 février, avec, déjà, un étalement par décade à partir du 31 janvier.
L’incertitude de ce dispositif, sa variabilité aussi, furent particulièrement mal ressenties. L’avantage principal du système antérieur : 14 juillet – 28 février (31 janvier pour le colvert) était sa stabilité, son antériorité et sa facilité de repérage. Chacun savait par avance à partir de quand et jusque quand il pourrait chasser les oiseaux d’eau. Chacun pouvait ainsi anticiper aisément, sans le moindre doute, ce que ne permirent plus les calendriers changeant d’une année sur l’autre, d’un département à l’autre.
Ce malaise est encore ressenti aujourd’hui au motif que les dates d’ouverture de la chasse dans les marais intérieurs et l’arc méditerranéen ne sont pas encore re-stabilisées alors qu’elles le sont, de façon plutôt satisfaisante, pour le DPM Manche-Mer du Nord-Atlantique. Même impression déplaisante pour les dates de fermetures que les chasseurs de gibier d’eau aspirent à voir à nouveau fixées de façon durable, préalable et lisible.
Une chasse pourtant consolidée et renforcée Si l’on accepte de regarder ailleurs que cette perturbante et obnubilante variabilité du calendrier cynégétique, on ne peut toutefois contester que la chasse du gibier d’eau s’est plutôt bien consolidée durant les dernières décennies.
Une consolidation due principalement à l’action quotidienne et à la ténacité de l’ANCGE, l’Association Nationale des Chasseurs de Gibier d’Eau de France, la plus grande association de chasse spécialisée d’Europe.
La chasse sur les domaines publics maritime et fluvial
Au milieu des années 70, l’ANCGE a créé, installé, développé et fait fonctionner le réseau des associations de chasse maritime.
Ce réseau exemplaire existe toujours et fonctionne toujours. Grâce à lui, la chasse du gibier d’eau est restée démocratique et populaire en France, accessible à tous, aux plus jeunes et aux moins favorisés notamment, pour un prix particulièrement modique.
Sans ce dispositif imaginé et mis en place par l’ANCGE seule, la chasse sur le domaine public maritime aurait d’abord été cédée aux plus offrants, excluant ainsi les moins fortunés. Elle aurait ensuite été contestée, attaquée d’autant plus facilement qu’elle n’aurait concerné qu’un nombre très restreint de privilégiés.
Les territoires maritimes seraient assurément aujourd’hui tous hors chasse. L’action remarquable de l’ANCGE a permis d’éviter cela, de maintenir ainsi la chasse la plus démocratique qui soit et un nombre conséquent de chasseurs de gibier d’eau.
Ce schéma exemplaire a ensuite été reproduit sur le domaine public fluvial. Là aussi, des associations spécifiquement créées ont permis et permettent encore à de nombreux chasseurs de gibier d’eau de l’intérieur de pratiquer leur passion pour une cotisation peu élevée.
Ce schéma historique et pérenne dont tous les chasseurs de gibier d’eau des domaines publics maritime et fluvial profitent depuis plus de 30 ans est le fait de l’ANCGE seule.
Sans elle, sans son action et son engagement, ces modes de chasse n’existeraient plus, ces associations n’auraient jamais vu le jour et la force qu’elles tirent aujourd’hui de leurs 40.000 adhérents ne serait pas.
Un passé récent, parfois un peu trop facilement oublié, et une absence de reconnaissance et de gratitude que l’ANCGE subit souvent tant en la regrettant qu’en la déplorant. D’autant plus que c’est toujours elle qui, tous les 9 ans (ou 6 ans pour le fluvial), négocie les conditions générales de location du domaine public à ces associations dans l’intérêt de leurs 40.000 adhérents. Sans aucun retour direct ni garantie de retour.
La chasse de nuit
Ici encore l’action de l’ANCGE durant la dernière décennie a été aussi remarquable qu’efficace.
Après 65 ans de lutte pour la légalisation de la chasse de nuit, après 65 ans d’un régime de tolérance fluctuant, pénible, l’ANCGE a atteint son objectif premier en 2000 alors même qu’un projet de loi chasse visait à interdire, de façon définitive et irréversible, toute forme de chasse de nuit à la hutte. L’incroyable exploit a été réalisé et s’est concrétisé dans la loi du 26 juillet 2000.
Sur cette base, plus de 15.000 installations de chasse de nuit ont été déclarées, répertoriées, officialisées, immatriculées.
45.000 chasseurs de gibier d’eau passionnés, spécialisés le plus souvent (sur la base de 3 en moyenne par installation), en profitent dorénavant, pérennement, sereinement, durant chacune des nuits de la saison tant en domaine public que privé.
15.000 propriétaires ont ainsi vu aussi leur capital revalorisé.
En 2001, des structures anti-chasse ont tenté une ultime remise en cause de cette avancée en contestant la légalité des dispositions relatives à la chasse de nuit devant le Conseil d’Etat.
L’ANCGE, une fois encore, s’est emparée du dossier, s’est attelée à la tâche. Une fois encore, elle a gagné, renforçant au passage encore un peu plus le droit de chasse de nuit à la hutte grâce à la reconnaissance par le Conseil d’Etat de son caractère culturel et traditionnel dans chacun des départements où elle est historiquement pratiquée.
Une victoire éclatante et incontestable pour tous les huttiers de France dont, bizarrement et paradoxalement, la gratitude envers l’ANCGE a été nulle ou presque.
Appelants et Influenza aviaire
Autre attaque indirecte sur la chasse de nuit a bien failli aussi lui être fatale : la remise en cause de l’usage des appelants.
Rappelez-vous l’interdiction de cette pratique décidée par la Commission européenne au motif du risque de propagation de l’Influenza aviaire et du risque de transmission du virus de l’animal vers l’homme.
Sans appelants, finie la chasse de nuit. Dans cette affaire aussi, c’est l’ANCGE, seule, qui est montée au créneau. Un dossier aussi technique que volumineux et motivé a été constitué en un temps record pour être porté par les services ministériels compétents devant la Commission européenne. Une dérogation inespérée, inaccessible selon certains, a été obtenue.
Une nouvelle victoire aussi remarquable qu’exceptionnelle dont les contreparties, traçabilité et suivi sanitaire, semblent seules avoir retenu l’attention.
Pourtant, même s’il faut déclarer les appelants, les baguer, les enregistrer sur un carnet, leur faire subir des tests épidémiologiques, l’essentiel n’est-il pas de pouvoir continuer à les utiliser normalement ? De pouvoir chasser comme nous l’avons toujours fait ?
Mieux, ces contraintes déclaratives ne sont-elles pas une forme de reconnaissance officielle de cette pratique de chasse tant à l’échelon national que communautaire ?
Ne sont-elles pas une garantie pour l’avenir ?
Pourtant cette dérogation à laquelle peu croyaient, obtenue en dépit d’obstacles quasi-insurmontables, a valu à l’ANCGE plus de critiques et déboires que de remerciements et d’encouragements, plus de défections que d’adhésions.
Les bagues, vendues à prix coûtant par l’ANCGE, seraient trop chères selon certains et l’Association Nationale gagnerait de l’argent à les vendre.
A ce stade, la désinformation s’ajoute à l’ingratitude pour nuire et salir l’action d’une structure dont l’unique moteur est l’intérêt du chasseur de gibier d’eau et la pérennité de la chasse du gibier d’eau.
Des avancées insuffisamment appréciées
Chasse maritime, chasse fluviale, chasse de nuit, appelants sont autant d’avancées incontestables que l’ANCGE a obtenues durant les 30 dernières années, consolidées ou légalisées durant les 10 dernières.
Ces victoires, aussi éclatantes que parfois inespérées, n’ont toutefois pas apporté à l’ANCGE le soutien qu’elle était en droit d’attendre.
Tout au contraire, son nombre d’adhérents fond tandis qu’elle subit sans cesse les critiques injustifiées de ses détracteurs voire la désinformation de certains malveillants.
Il est temps que cela cesse.
Il est temps que les chasseurs de gibier d’eau reprennent leur avenir en main en accordant à nouveau, de façon massive, leur confiance à leur Association Nationale, la seule qui les défende quotidiennement et efficacement.
Cette confiance est plus que Jamais nécessaire. Les discussions et négociations menées actuellement autour des tables rondes de la chasse sur les dates de chasse des oiseaux d’eau et la liste des espèces chassables ne pourront être menées à bien, dans l’intérêt des chasseurs de gibier d’eau, qu’avec une association nationale forte, puissante, nombreuse, porteuse d’une vision unitaire et solidaire de la chasse du gibier d’eau. C’est à cela que chacun des chasseurs de gibier d’eau de France qui lira ces lignes doit s’engager de façon urgente et prioritaire.
Les tables rondes de la chasse
Celles-ci aussi ont amené une nouvelle vague de critiques envers l’ANCGE de la part de quelques uns assurément plus bruyants et remuants que nombreux et efficaces. Ces tables rondes, une nouvelle démarche, une nouvelle forme de négociation et de gouvernance, ne sont pourtant pas closes. Seul le débat sur les dates d’ouverture a été amorcé, sans être définitivement conclu, et quelques décisions manifestement précipitées ont été arrêtées pour 3 espèces chassables dont le courlis cendré, le « grand gibier » du chasseur à la botte du DPM. L’ANCGE a déjà réagi vivement à ces moratoires et les a contestés. Nous ne sommes néanmoins qu’au
tout début de la négociation, qu’aux prémices d’une nouvelle forme de débat plus axée sur la discussion, l’échange et la concertation que sur l’opposition frontale, idéologique et/ou viscérale. Une réelle révolution au niveau de la méthode.
Sur le fond toutefois, les objectifs de l’ANCGE restent les mêmes, fidèlement : l’amélioration et la stabilisation des dates de chasse, le maintien de la liste des espèces chassables en France, une approche scientifique objective et partagée de la gestion et de l’usage durable des populations d’oiseaux d’eau migrateurs chassables en France, et, mission fondamentale, la conservation des zones humides.
Si, pour l’instant, les conclusions temporaires et partielles des tables rondes de la chasse n’ont pas permis tout cela, la suite le devrait assurément, d’autant que les premiers résultats ne sont pas si néfastes que ça.
Le 21 août plutôt que le 31 est une indéniable avancée pour les zones humides intérieures et l’arc méditerranéen. Le 15 août en sera une seconde, plus stable, plus lisible et plus satisfaisante.
Même remarque pour le 15 septembre. C’est incontestablement une amélioration du calendrier vis-à-vis des 2ème, 3ème et 4ème samedis de septembre que nous subissions précédemment. C’est plus simple et plus lisible. C’est aussi un peu plus tôt mais pas encore assez. L’ANCGE doit encore progresser sur ce point.
La renaissance de l’Observatoire National de la faune sauvage et de ses habitats sous une forme nouvelle, le GECO (Groupe d’Experts sur la Chasse et les Oiseaux), est une 3ème avancée remarquable.
Les groupuscules protectionnistes étaient parvenus, par le boycott, à bloquer l’Observatoire National ; ils ne pourront procéder de même avec le GECO, sauf à se désavouer et à se marginaliser. La consultation scientifique et l’expertise objective vont donc pouvoir jouer pleinement à nouveau. Assurément, du mieux en découlera, pour le 15 août, pour le courlis cendré, pour la barge à queue noire, pour le vanneau, comme pour la fermeture du 10 février et celle du 20 février.
C’est, en tous cas, ce à quoi s’attelle et s’engage l’ANCGE. Ce pour quoi elle a besoin du soutien unanime et sans faille de tous les chasseurs de gibier d’eau de France.
Une stratégie de reconquête
Pour mener à bien ces combats, pour emporter de nouvelles victoires, pour l’avenir de la chasse du gibier d’eau, l’ANCGE a besoin d’une base solide, nombreuse et forte d’où cet appel pressant au recrutement et au retour dans les rangs de ceux qui les auraient momentanément quittés.
Il est encore temps d’adhérer pour 2008, même si l’année est déjà bien entamée (Rappel : pour une adhésion de 45 €, vous récupérez 29,70 € sur vos impôts, bénéficiez de la revue La Sauvagine du 1er janvier au 31 décembre 2008 et de tarifs privilégiés sur les différentes prestations de l’ANCGE. Tarif réduit pour les non-imposables : 20 €).
Il est temps aussi de préparer 2009. L’ANCGE va tout prochainement lancer une grande opération de parrainage en direction des adhérents 2008 qui adhéreront en 2009 en faisant adhérer des chasseurs de gibier d’eau de leur entourage. Cette action sera déclinée et expliquée dans vos prochaines revues d’ici à 2009 mais, dès à présent, il faut vous y préparer en adhérant en 2008, en recrutant pour 2009. C’est l’intérêt et l’avenir de la chasse du gibier d’eau qui sont en jeu, votre intérêt et votre avenir. D’où la conviction profonde qu’aucun de vous ne saura rester insensible à cet appel aussi fort que sincère