Publié : 15 août 2006 17:21
Cet ancien chasseur slovène a accepté de témoigner pour le magazine Liberation of the animals. Honteux d’avoir pu prendre plaisir à tuer, il dénonce aujourd’hui cette activité dénuée de toute éthique. Son témoignage, traduit de l’anglais par One Voice, est retranscrit ci-après.
Les populations animales sont régulées naturellement, elles n’ont pas besoin des chasseurs
Durant 37 ans, cet homme a été membre du club de chasse de Sevnica. Pendant 22 ans, il a même été membre de son conseil d’administration et, pendant 12 ans, son président, ainsi que celui de la commission de tir. Il a tué de nombreux animaux au cours de cette période mais, il y a 4 ans, il a décidé d’arrêter de chasser pour de bon. Rudi Amersek, originaire de la ville de Sevnica, raconte aujourd’hui qu’il est un assassin reconverti – d’après lui, tuer des animaux est un crime. Maintenant qu’il ne perd plus son temps à pointer son fusil, il a plus de temps à consacrer à son hobby et à sa famille. Il est connu en Slovénie pour ses sculptures uniques, faites main, à partir de bois de vigne.
Quels souvenirs gardez-vous de vos premières années au club de chasse ?
Pour devenir chasseur, je devais remplir certaines conditions. Le président de l’époque m’avait dit : « Si tu veux devenir chasseur, tu dois avoir un chien de chasse ! » Il me vendit donc un petit de son chien de chasse et je dus tuer mon chien bâtard avec du gaz toxique. Le gaz toxique, présenté en ampoules, était utilisé dans de nombreux cas. Nous jetions par exemple ce type d’ampoule devant un terrier et il suffisait qu’un renard l’avale ou la morde pour qu’il meure rapidement. La fourrure de renard était alors très précieuse et j’attendais parfois ma proie toute la nuit dans les bois. Aujourd’hui, j’ai honte d’avoir tué des animaux.
Qu’est il arrivé qui vous a fait cesser de massacrer des animaux ?
Les enfants que j’ai eus de mon second mariage, ainsi que mon épouse actuelle, Slavka, n’ont eu de cesse de me répéter pendant des années que tuer des animaux était contraire à l’éthique. Ils ont même fini par m’interdire de rapporter à la maison les animaux tués. Ce fut un choc pour moi. Tout chasseur enthousiaste est fier de sa proie et souhaite la montrer. J’en avais l’habitude moi aussi. Comme je ne pouvais plus rapporter les animaux tués à la maison, ma passion pour la chasse a lentement décliné. J’ai alors commencé à comprendre que chasser c’était simplement avoir pour passion de tuer des animaux. Les femmes de ma famille ont ouvert mon cœur aux animaux et, aujourd’hui, je peux me qualifier d’assassin reconverti.
De nombreux chasseurs soutiennent qu’ils sont les amis des animaux.
Chasseurs et amis des animaux ? C’est ridicule ! Les chasseurs n’aiment les animaux que quand ils les mangent. Ceux qui vont en forêt nourrir les animaux sans leurs fusils sont très rares. Les chasseurs ont d’ailleurs un dicton très clair : Un chasseur sans son fusil, c’est comme un homme sans son pénis le jour de son mariage !
Les chasseurs affirment qu’ils tuent les animaux pour réguler leur population
La nature n’a pas besoin des chasseurs. Il est scientifiquement prouvé qu’il existe des mécanismes destinés à maintenir l’équilibre dans la nature. L’intervention de l’homme n’est donc pas nécessaire. Si des animaux sont trop nombreux quelque part, le nombre des naissances diminuera, ou bien une maladie éliminera les membres les moins résistants de l’espèce. Autre chose doit être souligné concernant le nombre d’animaux : les clubs de chasse déclarent souvent un nombre d’animaux sur leur terrain de chasse plus important que la réalité. L’association de chasse slovène peut ainsi les autoriser à en tuer un plus grand nombre. Je vous garantie que c’est ce qui se passe.
Quelle est la principale motivation du chasseur ?
Seulement la passion de tuer et l’égoïsme. Savez-vous de quoi parlent les chasseurs la plupart du temps ? De comment ils ont tué un animal, de leurs trophées, duquel est meilleur. Ils se comparent entre eux, discutent de qui a le meilleur fusil, de quelle arme fait le plus de dégâts, et de laquelle est la plus efficace…
Certains chasseurs trépignent d’impatience dès qu’ils voient un animal ou que quelque chose bouge dans les buissons. Cette excitation peut provoquer des accidents. L’année dernière, il y en a eu deux pendant une chasse au sanglier. Un chasseur a tiré sur un autre chasseur. Je connais aussi des chasseurs qui ont négligé leurs familles et leurs fermes parce qu’ils préféraient chasser et aller ensuite au bistrot. Il arrive même qu’ils se battent, par jalousie, à cause d’une « plus belle » proie, et la police doit alors intervenir.
Je connais une anecdote qui illustre bien la dépendance des chasseurs à ces tueries. Il y a quelques années, un membre de notre club de chasse est tombé malade. J’ai suggéré de lui rendre visite un dimanche, au lieu de faire une partie de chasse. Mais la plupart des membres du club a préféré aller chasser. Nous n’avons été que trois à rendre visite à notre ami. Les autres étaient même indignés que je leur demande de se priver de leur plaisir de chasser (de tuer des animaux).
Et les trophées ?
C’est à celui qui aura le plus beau trophée. Exactement comme d’autres hommes aiment les belles voitures et les filles, rien de plus. De nombreux chasseurs décident souvent de tuer un cerf de la plus belle espèce, même quand cela est interdit. Ils pensent que cela vaut la peine de tuer un individu qui fera un trophée aussi beau et enviable, malgré le risque que leur permis de chasse leur soit retiré pendant 2 ans.
J’ai entendu dire que certains chasseurs allaient dans les écoles faire un cours aux élèves. De quoi parlent-ils ?
Oui, c’est vrai. Les écoles invitent des chasseurs. Il y a quelques années, un chasseur s’est même rendu dans un jardin d’enfants de Sevnica. Il ne leur a pas dit que chasser c’était aimer tuer des animaux. Il a raconté aux enfants des histoires de chasseurs amis des animaux, et les a convaincus qu’ils étaient bons envers les animaux, qu’ils en prenaient soin et que les animaux avaient besoin d’eux.
Certains fermiers se plaignent que les animaux sauvages mangent leurs récoltes.
Nous n’avons pas reçu beaucoup de plaintes de ce genre. Les gens se plaignaient davantage des chasseurs tirant sur leurs chats ou leur chiens perdus. Il leur arrivait même de tirer sur les canards que certains fermiers gardent dans des criques. Ce sont les animaux domestiques qui deviennent les victimes quand les chasseurs ne tuent rien dans les bois.
Quel est votre conseil aux chasseurs ?
Je leur conseille de choisir un hobby ou un sport plus éthique. Ils devraient vendre leurs fusils et acheter une bicyclette à la place. Avoir un fusil signifie tuer et tuer est un crime. La pêche aussi est un crime. A la chasse, l’animal meurt souvent tout de suite, mais à la pêche, la mort ne survient qu’après de terribles souffrances qui durent plusieurs minutes. Les animaux désirent vivre en harmonie à la fois avec les humains et la nature. A mon avis, un autre problème est que les humains interviennent plus qu’ils ne le devraient dans la nature. Ils réduisent de plus en plus l’espace disponible pour les animaux.
Souvenirs de Savka, l’épouse de Rudi, concernant cette amère période, quand il était encore chasseur :
Parfois, il arrivait que Rudi s’absente de la maison durant un week-end entier, pour aller chasser. La partie de chasse se terminait à 14 heures, mais il allait souvent au bistrot ensuite, avec d’autres chasseurs, et jusqu’à des heures tardives. Parfois je rentrais à la maison à 22 heures et il était encore dehors. Je n’aimais pas quand il rentrait ivre. Les chasseurs ont un dicton : un vrai chasseur revient chez lui le lundi si la chasse a lieu le dimanche. Parfois l’alcool conduit à des violences domestiques.
Il y a 15 ans, Rudi m’a donné la fourrure d’un renard qu’il avait tué, et qu’il avait lui même tannée. Ma fille m’a alors dit que si jamais je la portais en allant à l’école, elle ferait semblant de ne pas me connaître. Etant moi aussi contre le port de fourrure, Rudi a dû la vendre.
Je désapprouve la pêche tout autant parce que les poissons souffrent encore plus. Je ne comprends pas la pêche sportive, quand un pêcheur attrape un poisson, puis le rejette. Je suis certaine qu’un poisson n’aime pas avoir un hameçon aiguisé en travers de la bouche. Je me souviens d’une adolescente au le jardin botanique de Mozirski gaj qui s’est sentie mal lorsqu’elle a vu un poisson gravement blessé extirpé du bassin par un pêcheur.
Source : Magazine Liberation of the animals, Juin 2006
Les populations animales sont régulées naturellement, elles n’ont pas besoin des chasseurs
Durant 37 ans, cet homme a été membre du club de chasse de Sevnica. Pendant 22 ans, il a même été membre de son conseil d’administration et, pendant 12 ans, son président, ainsi que celui de la commission de tir. Il a tué de nombreux animaux au cours de cette période mais, il y a 4 ans, il a décidé d’arrêter de chasser pour de bon. Rudi Amersek, originaire de la ville de Sevnica, raconte aujourd’hui qu’il est un assassin reconverti – d’après lui, tuer des animaux est un crime. Maintenant qu’il ne perd plus son temps à pointer son fusil, il a plus de temps à consacrer à son hobby et à sa famille. Il est connu en Slovénie pour ses sculptures uniques, faites main, à partir de bois de vigne.
Quels souvenirs gardez-vous de vos premières années au club de chasse ?
Pour devenir chasseur, je devais remplir certaines conditions. Le président de l’époque m’avait dit : « Si tu veux devenir chasseur, tu dois avoir un chien de chasse ! » Il me vendit donc un petit de son chien de chasse et je dus tuer mon chien bâtard avec du gaz toxique. Le gaz toxique, présenté en ampoules, était utilisé dans de nombreux cas. Nous jetions par exemple ce type d’ampoule devant un terrier et il suffisait qu’un renard l’avale ou la morde pour qu’il meure rapidement. La fourrure de renard était alors très précieuse et j’attendais parfois ma proie toute la nuit dans les bois. Aujourd’hui, j’ai honte d’avoir tué des animaux.
Qu’est il arrivé qui vous a fait cesser de massacrer des animaux ?
Les enfants que j’ai eus de mon second mariage, ainsi que mon épouse actuelle, Slavka, n’ont eu de cesse de me répéter pendant des années que tuer des animaux était contraire à l’éthique. Ils ont même fini par m’interdire de rapporter à la maison les animaux tués. Ce fut un choc pour moi. Tout chasseur enthousiaste est fier de sa proie et souhaite la montrer. J’en avais l’habitude moi aussi. Comme je ne pouvais plus rapporter les animaux tués à la maison, ma passion pour la chasse a lentement décliné. J’ai alors commencé à comprendre que chasser c’était simplement avoir pour passion de tuer des animaux. Les femmes de ma famille ont ouvert mon cœur aux animaux et, aujourd’hui, je peux me qualifier d’assassin reconverti.
De nombreux chasseurs soutiennent qu’ils sont les amis des animaux.
Chasseurs et amis des animaux ? C’est ridicule ! Les chasseurs n’aiment les animaux que quand ils les mangent. Ceux qui vont en forêt nourrir les animaux sans leurs fusils sont très rares. Les chasseurs ont d’ailleurs un dicton très clair : Un chasseur sans son fusil, c’est comme un homme sans son pénis le jour de son mariage !
Les chasseurs affirment qu’ils tuent les animaux pour réguler leur population
La nature n’a pas besoin des chasseurs. Il est scientifiquement prouvé qu’il existe des mécanismes destinés à maintenir l’équilibre dans la nature. L’intervention de l’homme n’est donc pas nécessaire. Si des animaux sont trop nombreux quelque part, le nombre des naissances diminuera, ou bien une maladie éliminera les membres les moins résistants de l’espèce. Autre chose doit être souligné concernant le nombre d’animaux : les clubs de chasse déclarent souvent un nombre d’animaux sur leur terrain de chasse plus important que la réalité. L’association de chasse slovène peut ainsi les autoriser à en tuer un plus grand nombre. Je vous garantie que c’est ce qui se passe.
Quelle est la principale motivation du chasseur ?
Seulement la passion de tuer et l’égoïsme. Savez-vous de quoi parlent les chasseurs la plupart du temps ? De comment ils ont tué un animal, de leurs trophées, duquel est meilleur. Ils se comparent entre eux, discutent de qui a le meilleur fusil, de quelle arme fait le plus de dégâts, et de laquelle est la plus efficace…
Certains chasseurs trépignent d’impatience dès qu’ils voient un animal ou que quelque chose bouge dans les buissons. Cette excitation peut provoquer des accidents. L’année dernière, il y en a eu deux pendant une chasse au sanglier. Un chasseur a tiré sur un autre chasseur. Je connais aussi des chasseurs qui ont négligé leurs familles et leurs fermes parce qu’ils préféraient chasser et aller ensuite au bistrot. Il arrive même qu’ils se battent, par jalousie, à cause d’une « plus belle » proie, et la police doit alors intervenir.
Je connais une anecdote qui illustre bien la dépendance des chasseurs à ces tueries. Il y a quelques années, un membre de notre club de chasse est tombé malade. J’ai suggéré de lui rendre visite un dimanche, au lieu de faire une partie de chasse. Mais la plupart des membres du club a préféré aller chasser. Nous n’avons été que trois à rendre visite à notre ami. Les autres étaient même indignés que je leur demande de se priver de leur plaisir de chasser (de tuer des animaux).
Et les trophées ?
C’est à celui qui aura le plus beau trophée. Exactement comme d’autres hommes aiment les belles voitures et les filles, rien de plus. De nombreux chasseurs décident souvent de tuer un cerf de la plus belle espèce, même quand cela est interdit. Ils pensent que cela vaut la peine de tuer un individu qui fera un trophée aussi beau et enviable, malgré le risque que leur permis de chasse leur soit retiré pendant 2 ans.
J’ai entendu dire que certains chasseurs allaient dans les écoles faire un cours aux élèves. De quoi parlent-ils ?
Oui, c’est vrai. Les écoles invitent des chasseurs. Il y a quelques années, un chasseur s’est même rendu dans un jardin d’enfants de Sevnica. Il ne leur a pas dit que chasser c’était aimer tuer des animaux. Il a raconté aux enfants des histoires de chasseurs amis des animaux, et les a convaincus qu’ils étaient bons envers les animaux, qu’ils en prenaient soin et que les animaux avaient besoin d’eux.
Certains fermiers se plaignent que les animaux sauvages mangent leurs récoltes.
Nous n’avons pas reçu beaucoup de plaintes de ce genre. Les gens se plaignaient davantage des chasseurs tirant sur leurs chats ou leur chiens perdus. Il leur arrivait même de tirer sur les canards que certains fermiers gardent dans des criques. Ce sont les animaux domestiques qui deviennent les victimes quand les chasseurs ne tuent rien dans les bois.
Quel est votre conseil aux chasseurs ?
Je leur conseille de choisir un hobby ou un sport plus éthique. Ils devraient vendre leurs fusils et acheter une bicyclette à la place. Avoir un fusil signifie tuer et tuer est un crime. La pêche aussi est un crime. A la chasse, l’animal meurt souvent tout de suite, mais à la pêche, la mort ne survient qu’après de terribles souffrances qui durent plusieurs minutes. Les animaux désirent vivre en harmonie à la fois avec les humains et la nature. A mon avis, un autre problème est que les humains interviennent plus qu’ils ne le devraient dans la nature. Ils réduisent de plus en plus l’espace disponible pour les animaux.
Souvenirs de Savka, l’épouse de Rudi, concernant cette amère période, quand il était encore chasseur :
Parfois, il arrivait que Rudi s’absente de la maison durant un week-end entier, pour aller chasser. La partie de chasse se terminait à 14 heures, mais il allait souvent au bistrot ensuite, avec d’autres chasseurs, et jusqu’à des heures tardives. Parfois je rentrais à la maison à 22 heures et il était encore dehors. Je n’aimais pas quand il rentrait ivre. Les chasseurs ont un dicton : un vrai chasseur revient chez lui le lundi si la chasse a lieu le dimanche. Parfois l’alcool conduit à des violences domestiques.
Il y a 15 ans, Rudi m’a donné la fourrure d’un renard qu’il avait tué, et qu’il avait lui même tannée. Ma fille m’a alors dit que si jamais je la portais en allant à l’école, elle ferait semblant de ne pas me connaître. Etant moi aussi contre le port de fourrure, Rudi a dû la vendre.
Je désapprouve la pêche tout autant parce que les poissons souffrent encore plus. Je ne comprends pas la pêche sportive, quand un pêcheur attrape un poisson, puis le rejette. Je suis certaine qu’un poisson n’aime pas avoir un hameçon aiguisé en travers de la bouche. Je me souviens d’une adolescente au le jardin botanique de Mozirski gaj qui s’est sentie mal lorsqu’elle a vu un poisson gravement blessé extirpé du bassin par un pêcheur.
Source : Magazine Liberation of the animals, Juin 2006