Publié : 10 mai 2008 12:29
Comment expliquer qu'en deux ou trois décennies l'opinion publique soit passée d'une attitude bienveillante à l'égard de la chasse à une attitude sceptique défiante voire parfois hostile ?
Un membre de ANCRE (le site http://assoc.pagespro-orange.fr/ancer/index.htm )a essayé d'apporter des éléments de réponse a cette questoin . Je vous invite a la lire et surtout à donner votre avis.
"Pour cela je poserai deux hypothèses de départ :Les pratiques irresponsables ou simplement imbéciles de certains chasseurs (braconnage de la Tourterelle au mois de mai en Gironde...) n'ont fait qu'aggraver l'image négative du chasseur mais n'en sont pas à l'origine.
C'est le rôle social du chasseur dans une société moderne qu'il faut interroger pour comprendre le processus d'exclusion ségrégation qu'il subit.
En simplifiant, un groupe est exclu d'un corps social :
- Quand il sert de bouc émissaire dans une situation instable.
- Quand les valeurs morales dont il est porteur contredisent (ou semblent contredire) des valeurs dominantes (ou en cours de domination) dans une société. C'est donc la moralité de la chasse que je vais interroger.
I - Le coeur de l'argumentation anti-chasse.
Il est évident que la mouvance anti-chasse est multiple : elle va de la personne ayant un vague sentiment contre la chasse au militant du parfois d'une extrême agressivité mais aussi capable de débat.
Discuter d'arguments ne peut se faire que de façon ordonnée : j'utiliserai donc ceux du R.O.C (Rassemblement des opposants à la chasse) pour porter mon analyse. Non parce que cette organisation est particulièrement puissante mais parce que, de toutes façons, elle couvre un champ suffisamment large pour englober toutes les sensibilités. De plus son "centre de gravité" argumentaire systématise très bien une opinion beaucoup plus largement répandue.
Ce "centre de gravité" anti-chasse s'exprime facilement :
"aujourd'hui, dans un pays moderne, il est inadmissible de prendre du plaisir à tuer un animal sauvage".
Il est évident que l'argumentaire anti-chasse ne s'arrête pas à cette immoralité (ce qui est inadmissible dans un comportement). Les adversaires de la chasse peuvent s'intéresser aux problèmes écologiques (la chasse facteur d'aggravation de la fragilité des milieux par exemple) et aux problèmes juridiques (la chasse organisée peut nuire au droit de propriété (loi et surtout au droit à la non chasse).
Ces arguments sont essentiels. Mais surtout pour les chasseurs responsables ("écologiquement responsables " devrais-je dire...). Ils permettent d'ailleurs des points d'accord voire des actions communes entre chasseurs et non chasseurs : preuve qu'il n'y a pas nécessairement fracture entre eux.
Mais ces arguments ne sont pas essentiels pour le militant anti-chasse : ils ne servent que d'enrobage cynégétique, technique ou juridique du seul argument pesant et profond : " le chasseur est immoral ". On revient donc bien à ce que j'ai appelé le " centre de gravité " du discours anti-chasse.
D'ou vient cette immoralité affirmée qui fait que le chasseur sortirait peu ou prou du cercle des humains respectables ?
1 - Tuer un animal sauvage ?
Est ce le qualificatif de " sauvage " qui est déterminant du jugement d'immoralité. Y a- t'il une différence morale entre tuer un animal d'élevage et tuer un animal sauvage ? La logique doit répondre : non. (Attention : il est bien évident que j'élimine ici tout argument écologique : il est bien sûr immoral - qui va a l'encontre des principes devant guider notre conduite - de tuer un animal sauvage en voie de disparition !). Nul ne peut scientifiquement différencier sur une échelle hiérarchique de valeur, l'animal sauvage et l'animal d'élevage. Ils peuvent être d'ailleurs biologiquement les mêmes.
Paradoxalement, il reste la possibilité d'identifier l'animal sauvage à l'animal domestique (le chien, le chat) pour utiliser les lois de protection spécifiques aux animaux de compagnie (une loi est une norme d'application d'une morale dominante). Mais l'absurdité de cette adéquation est telle qu'à ma connaissance, elle n'a jamais été tentée...
Première conclusion : le chasseur n'est pas condamnable et condamné parce qu'il tue des animaux sauvages. D'ailleurs, par l'absurde, les lâcher de " gibier de tir " (animaux d'élevage) devraient conduire à une acceptation plus grande de la chasse. Or c'est le contraire !
2 - Tuer un animal ?
Si le qualificatif de sauvage n'est pas opérant, est ce alors le fait de tuer un animal qui rend le chasseur condamnable. Cette position est strictement intenable sauf pour l'infime minorité de personnes végétariennes ou végétaliennes (qui refusent, aussi, de reconnaître une validité au classement sauvage/élevage domestique que j'utilise). Je remarque d'ailleurs que c'est le cas du Professeur Théodore Monod, Président du R.O.C. Il n'empêche que l'écrasante majorité des opposants à la chasse ne sont pas végétarien. Et le monde dans lequel nous vivons (je parlerais plus tard des sociétés primitives) tue chaque jour des millions d'animaux dans le cadre d'élevages familiaux, artisanaux ou industriels et de la pêche maritime. Banalité incontournable : La mort animale est au centre de la vie des hommes."
Seconde conclusion : le chasseur n'est pas condamnable et condamné parce qu'il donne la mort à un animal.
c'est long mais pas sans interets
Un membre de ANCRE (le site http://assoc.pagespro-orange.fr/ancer/index.htm )a essayé d'apporter des éléments de réponse a cette questoin . Je vous invite a la lire et surtout à donner votre avis.
"Pour cela je poserai deux hypothèses de départ :Les pratiques irresponsables ou simplement imbéciles de certains chasseurs (braconnage de la Tourterelle au mois de mai en Gironde...) n'ont fait qu'aggraver l'image négative du chasseur mais n'en sont pas à l'origine.
C'est le rôle social du chasseur dans une société moderne qu'il faut interroger pour comprendre le processus d'exclusion ségrégation qu'il subit.
En simplifiant, un groupe est exclu d'un corps social :
- Quand il sert de bouc émissaire dans une situation instable.
- Quand les valeurs morales dont il est porteur contredisent (ou semblent contredire) des valeurs dominantes (ou en cours de domination) dans une société. C'est donc la moralité de la chasse que je vais interroger.
I - Le coeur de l'argumentation anti-chasse.
Il est évident que la mouvance anti-chasse est multiple : elle va de la personne ayant un vague sentiment contre la chasse au militant du parfois d'une extrême agressivité mais aussi capable de débat.
Discuter d'arguments ne peut se faire que de façon ordonnée : j'utiliserai donc ceux du R.O.C (Rassemblement des opposants à la chasse) pour porter mon analyse. Non parce que cette organisation est particulièrement puissante mais parce que, de toutes façons, elle couvre un champ suffisamment large pour englober toutes les sensibilités. De plus son "centre de gravité" argumentaire systématise très bien une opinion beaucoup plus largement répandue.
Ce "centre de gravité" anti-chasse s'exprime facilement :
"aujourd'hui, dans un pays moderne, il est inadmissible de prendre du plaisir à tuer un animal sauvage".
Il est évident que l'argumentaire anti-chasse ne s'arrête pas à cette immoralité (ce qui est inadmissible dans un comportement). Les adversaires de la chasse peuvent s'intéresser aux problèmes écologiques (la chasse facteur d'aggravation de la fragilité des milieux par exemple) et aux problèmes juridiques (la chasse organisée peut nuire au droit de propriété (loi et surtout au droit à la non chasse).
Ces arguments sont essentiels. Mais surtout pour les chasseurs responsables ("écologiquement responsables " devrais-je dire...). Ils permettent d'ailleurs des points d'accord voire des actions communes entre chasseurs et non chasseurs : preuve qu'il n'y a pas nécessairement fracture entre eux.
Mais ces arguments ne sont pas essentiels pour le militant anti-chasse : ils ne servent que d'enrobage cynégétique, technique ou juridique du seul argument pesant et profond : " le chasseur est immoral ". On revient donc bien à ce que j'ai appelé le " centre de gravité " du discours anti-chasse.
D'ou vient cette immoralité affirmée qui fait que le chasseur sortirait peu ou prou du cercle des humains respectables ?
1 - Tuer un animal sauvage ?
Est ce le qualificatif de " sauvage " qui est déterminant du jugement d'immoralité. Y a- t'il une différence morale entre tuer un animal d'élevage et tuer un animal sauvage ? La logique doit répondre : non. (Attention : il est bien évident que j'élimine ici tout argument écologique : il est bien sûr immoral - qui va a l'encontre des principes devant guider notre conduite - de tuer un animal sauvage en voie de disparition !). Nul ne peut scientifiquement différencier sur une échelle hiérarchique de valeur, l'animal sauvage et l'animal d'élevage. Ils peuvent être d'ailleurs biologiquement les mêmes.
Paradoxalement, il reste la possibilité d'identifier l'animal sauvage à l'animal domestique (le chien, le chat) pour utiliser les lois de protection spécifiques aux animaux de compagnie (une loi est une norme d'application d'une morale dominante). Mais l'absurdité de cette adéquation est telle qu'à ma connaissance, elle n'a jamais été tentée...
Première conclusion : le chasseur n'est pas condamnable et condamné parce qu'il tue des animaux sauvages. D'ailleurs, par l'absurde, les lâcher de " gibier de tir " (animaux d'élevage) devraient conduire à une acceptation plus grande de la chasse. Or c'est le contraire !
2 - Tuer un animal ?
Si le qualificatif de sauvage n'est pas opérant, est ce alors le fait de tuer un animal qui rend le chasseur condamnable. Cette position est strictement intenable sauf pour l'infime minorité de personnes végétariennes ou végétaliennes (qui refusent, aussi, de reconnaître une validité au classement sauvage/élevage domestique que j'utilise). Je remarque d'ailleurs que c'est le cas du Professeur Théodore Monod, Président du R.O.C. Il n'empêche que l'écrasante majorité des opposants à la chasse ne sont pas végétarien. Et le monde dans lequel nous vivons (je parlerais plus tard des sociétés primitives) tue chaque jour des millions d'animaux dans le cadre d'élevages familiaux, artisanaux ou industriels et de la pêche maritime. Banalité incontournable : La mort animale est au centre de la vie des hommes."
Seconde conclusion : le chasseur n'est pas condamnable et condamné parce qu'il donne la mort à un animal.
c'est long mais pas sans interets