Publié : 06 mars 2009 09:43
@FDC-80 wrote:Le 04/03/09
Lettre ouverte
Monsieur le rédacteur en chef du Courrier picard
La communauté des chasseurs a été profondément choquée par l’article publié dans votre édition du 4 mars, sous le titre « Tous ces Picards tués par des fusils de chasse ».
Toute la journée – et je suppose que ce n’est pas terminé – des chasseurs m’ont téléphoné pour dénoncer une information orientée, leur « dégoût d’être traité ainsi par la presse », le racisme anti-chasseurs… J’en passe et des meilleures.
Un journal est rarement allé aussi loin dans l’exploitation d’un drame afin de nuire à la chasse et aux chasseurs. Tous les superlatifs, comparaisons, décomptes macabres mélangeant allégrement suicides et accidents sont manifestement établis dans cet objectif. Comble du cynisme, la conclusion qui tient en 5 lignes est tout à fait correcte mais tout l’article qui la précède est écrit pour la démentir.
Je pourrais argumenter, dénoncer les amalgames, chercher et trouver d’autres moyens de tuer plus sûrement ses concitoyens qu’avec un fusil de chasse, mais à quoi bon répondre à ce jeu malsain ?
Un proverbe affirme qu’un coup de langue peut faire plus de mal qu’un coup de lance. Il en va de même d’un coup de plume. Vous me répondrez que ça fait moins mal qu’un coup de fusil. C’est possible mais soyez sûr que le vôtre a touché 62.000 cibles : les chasseurs picards insultés par votre journal.
Ils me demandent de vous faire part de leur indignation ; c’est fait.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le rédacteur en chef, l’expression de mes sentiments distingués.
Yves Butel,
Président de la Fédération régionale des chasseurs de Picardie
Président de la Fédération départementale des chasseurs de la Somme
Pour comprendre le sens de la lettre voici l'article en question :
@Le Courrier Picard wrote:Picardie Tous ces Picards tués par des fusils de chasse
Une nouvelle dispute familiale s'est terminée dans le sang, ce week-end dans le Vimeu (80). Comme souvent dans la région, c'est un fusil de chasse qui a servi au crime. Les deux premières victimes d'un fusil de chasse cette année, mais il y en aura sans doute d'autres.
Ce week-end, à Cerisy-Buleux, dans le Vimeu, la Picardie a enregistré son premier meurtre de l'année 2009, suivi d'un suicide, par fusil de chasse. Son premier drame, mais certainement pas le dernier. En 2008, huit Picards ont été tués, toujours par un proche, sous les plombs d'un fusil de chasse. Et ce chiffre, non officiel, ne prend en compte ni les suicides, ni les forcenés retranchés chez eux, ni même les « simples » menaces avec arme. La tradition de la chasse, particulièrement présente en Picardie maritime, et la présence de nombreuses armes dans les foyers picards, est parfois vécue comme « une crainte, voire un danger ».
Cette « crainte », ce « danger », le procureur de la république d'Abbeville Éric Fouard, la connaît bien. « Ici, (NDLR : en Picardie maritime), tout le monde est chasseur et a donc un fusil à la maison. L'essentiel des problèmes avec armes à feu que nous connaissons, le sont donc avec des fusils de chasse, pas avec des armes de défense », rapporte le procureur.
Alcool-arme : un mariage explosif
Il faut dire qu'en la matière, la législation est assez simple : si vous avez un permis de chasse, vous pouvez avoir une arme de chasse chez vous. Et même si la loi stipule que cette arme ne doit pas être prête à l'emploi, elle n'empêche pas certains drames. Comme celui de Monchaux, prêt de Quend, où, en février 2007, un enfant de 6 ans a chargé l'arme de son père, avant de mortellement blesser son petit frère de 2 ans.
Outre ces cas, accidentels, la Picardie connaît chaque année des auteurs de « coups de folie » : des Monsieur tout le monde, qui, bien souvent au terme d'une dispute, se saisissent de leur arme et tuent un proche. « Certains ont a portée de main un moyen que les autres n'ont pas. Forcément, ils ont envie de s'en servir », analyse le procureur Fouard qui dit surtout « s'inquiéter du mariage alcool-arme » particulièrement présent dans la région. « La possession d'une arme laisse craindre un certain nombre de choses, qui, pour certains, face à des accumulations personnelles de toutes sortes peuvent conduire au drame. »
Avant d'en arriver à des extrêmes comme celui de Cerisy, la justice et l'administration interviennent parfois à temps. « Il n'est pas rare que les gendarmes appellent pour signaler une personne déprimée qui a en sa possession un fusil, raconte le procureur. Les problèmes conjugaux où la femme vient rapporter l'arme aux gendarmes car elle a des craintes sont également fréquents. »
Face à ces bombes à retardement, la justice ne peut pas grand-chose. « Tant qu'il n'y a pas d'infraction pénale, je ne peux pas agir, explique le procureur. Mais dès qu'une infraction est commise, même sans rapport direct avec le fusil, là, je peux agir. » Le représentant du ministère public, tout en se gardant de sortir du cadre judiciaire, pense pourtant que la loi, telle qu'elle existe est suffisante. « Ce problème est comme celui des morts sur la route. Ce n'est pas la voiture qui tue, mais le non respect des règles, pourtant acquises lors d'un permis. »
THOMAS DELOBELLE
Lettre ouverte
Monsieur le rédacteur en chef du Courrier picard
La communauté des chasseurs a été profondément choquée par l’article publié dans votre édition du 4 mars, sous le titre « Tous ces Picards tués par des fusils de chasse ».
Toute la journée – et je suppose que ce n’est pas terminé – des chasseurs m’ont téléphoné pour dénoncer une information orientée, leur « dégoût d’être traité ainsi par la presse », le racisme anti-chasseurs… J’en passe et des meilleures.
Un journal est rarement allé aussi loin dans l’exploitation d’un drame afin de nuire à la chasse et aux chasseurs. Tous les superlatifs, comparaisons, décomptes macabres mélangeant allégrement suicides et accidents sont manifestement établis dans cet objectif. Comble du cynisme, la conclusion qui tient en 5 lignes est tout à fait correcte mais tout l’article qui la précède est écrit pour la démentir.
Je pourrais argumenter, dénoncer les amalgames, chercher et trouver d’autres moyens de tuer plus sûrement ses concitoyens qu’avec un fusil de chasse, mais à quoi bon répondre à ce jeu malsain ?
Un proverbe affirme qu’un coup de langue peut faire plus de mal qu’un coup de lance. Il en va de même d’un coup de plume. Vous me répondrez que ça fait moins mal qu’un coup de fusil. C’est possible mais soyez sûr que le vôtre a touché 62.000 cibles : les chasseurs picards insultés par votre journal.
Ils me demandent de vous faire part de leur indignation ; c’est fait.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le rédacteur en chef, l’expression de mes sentiments distingués.
Yves Butel,
Président de la Fédération régionale des chasseurs de Picardie
Président de la Fédération départementale des chasseurs de la Somme
Pour comprendre le sens de la lettre voici l'article en question :
@Le Courrier Picard wrote:Picardie Tous ces Picards tués par des fusils de chasse
Une nouvelle dispute familiale s'est terminée dans le sang, ce week-end dans le Vimeu (80). Comme souvent dans la région, c'est un fusil de chasse qui a servi au crime. Les deux premières victimes d'un fusil de chasse cette année, mais il y en aura sans doute d'autres.
Ce week-end, à Cerisy-Buleux, dans le Vimeu, la Picardie a enregistré son premier meurtre de l'année 2009, suivi d'un suicide, par fusil de chasse. Son premier drame, mais certainement pas le dernier. En 2008, huit Picards ont été tués, toujours par un proche, sous les plombs d'un fusil de chasse. Et ce chiffre, non officiel, ne prend en compte ni les suicides, ni les forcenés retranchés chez eux, ni même les « simples » menaces avec arme. La tradition de la chasse, particulièrement présente en Picardie maritime, et la présence de nombreuses armes dans les foyers picards, est parfois vécue comme « une crainte, voire un danger ».
Cette « crainte », ce « danger », le procureur de la république d'Abbeville Éric Fouard, la connaît bien. « Ici, (NDLR : en Picardie maritime), tout le monde est chasseur et a donc un fusil à la maison. L'essentiel des problèmes avec armes à feu que nous connaissons, le sont donc avec des fusils de chasse, pas avec des armes de défense », rapporte le procureur.
Alcool-arme : un mariage explosif
Il faut dire qu'en la matière, la législation est assez simple : si vous avez un permis de chasse, vous pouvez avoir une arme de chasse chez vous. Et même si la loi stipule que cette arme ne doit pas être prête à l'emploi, elle n'empêche pas certains drames. Comme celui de Monchaux, prêt de Quend, où, en février 2007, un enfant de 6 ans a chargé l'arme de son père, avant de mortellement blesser son petit frère de 2 ans.
Outre ces cas, accidentels, la Picardie connaît chaque année des auteurs de « coups de folie » : des Monsieur tout le monde, qui, bien souvent au terme d'une dispute, se saisissent de leur arme et tuent un proche. « Certains ont a portée de main un moyen que les autres n'ont pas. Forcément, ils ont envie de s'en servir », analyse le procureur Fouard qui dit surtout « s'inquiéter du mariage alcool-arme » particulièrement présent dans la région. « La possession d'une arme laisse craindre un certain nombre de choses, qui, pour certains, face à des accumulations personnelles de toutes sortes peuvent conduire au drame. »
Avant d'en arriver à des extrêmes comme celui de Cerisy, la justice et l'administration interviennent parfois à temps. « Il n'est pas rare que les gendarmes appellent pour signaler une personne déprimée qui a en sa possession un fusil, raconte le procureur. Les problèmes conjugaux où la femme vient rapporter l'arme aux gendarmes car elle a des craintes sont également fréquents. »
Face à ces bombes à retardement, la justice ne peut pas grand-chose. « Tant qu'il n'y a pas d'infraction pénale, je ne peux pas agir, explique le procureur. Mais dès qu'une infraction est commise, même sans rapport direct avec le fusil, là, je peux agir. » Le représentant du ministère public, tout en se gardant de sortir du cadre judiciaire, pense pourtant que la loi, telle qu'elle existe est suffisante. « Ce problème est comme celui des morts sur la route. Ce n'est pas la voiture qui tue, mais le non respect des règles, pourtant acquises lors d'un permis. »
THOMAS DELOBELLE