Publié : 04 nov. 2009 11:11
Plaine d’Alsace, fin juillet 2008…
Le rut du chevreuil bat son plein et les brocards ont souvent à ce moment un comportement bizarre…
Je suis invité par un ami à un affût du soir pour le tir du sanglier.
Pour rejoindre mon mirador, il faut traverser une grande prairie rase.
Le poste du fils de mon ami est un peu plus loin, à la corne d’un grand bois et nous cheminons ensemble.
Il est jeune chasseur et me raconte qu’il y a dix jours, il a manqué dans ce coin un très joli brocard et qu’il le recherche désormais...Il a comme arme un mixte avec une lunette.
Nous sommes au milieu de la prairie, et là bas, sur notre gauche, à la lisère du grand bois, il y a une tache rouge. Un chevreuil !
Il est loin, très loin, à plus de 600m.
Je sors la longue vue, et, accroupi dans l’herbe, je la cale contre le fût de ma carabine… C’est un brocard, mais, malgré le fort grossissement de mon optique, je n’arrive pas à le juger…
Manifestement, il nous a vus et regarde dans notre direction. Nous sommes à bon vent, il a l’air très excité, et je décide de tenter de le faire venir à l’appeau.
Donc, appel de la chevrette en chaleur, fort, vu la distance, avec les mains en porte voix…
« Fiuuu….fiuuu…fiuuu… Le brocard fait dix mètres de galop dans notre direction, puis reprend le pas et se dirige vers un petit boqueteau au milieu de la prairie à 150 m de nous et disparaît derrière.
« Il est parti »
« Non, à mon avis, il traverse le boqueteau… il ne doit pas aimer les espaces découverts »
Effectivement, quelques minutes après, le brocard apparaît à la lisière du bosquet, mais ne semble pas décidé à aller plus loin. Il fait des va et viens au ras des buissons en s’arrêtant de temps en temps pour nous fixer. Il est quand même à une distance où l’on peut voir ce qu’il a sur la tête.
Il s’agit d’un joli six, pas très haut mais de la masse, bien perlé, silhouette massive avec un cou large… trois ans, peut être quatre...
Chuchotis dans mon dos, « C’est le mien ! C’est celui que j’ai raté »
Le brocard est toujours là bas, sur la lisière… Je tente un nouvel appel, bien plus doux, puisque beaucoup plus près que la première fois…
La réaction du brocard est immédiate : il démarre au galop, passe à dix mètres de nous pour rejoindre le bord d’une friche devant nous à 50m. Et là, il s’arrête, tendu, de profil, le cou dressé de toute sa hauteur et regarde fixement ces deux silhouettes étranges à quatre pattes, en plein découvert
« Tirez »
« Mon arme n’est pas chargée »
« Mettez une balle »
J’entends derrière moi le léger déclic du fusil que l’on referme…
Le brocard n’a toujours pas bougé, mais montre des signes d’énervement et d’inquiétude. Il commence à piaffer sur place des antérieurs.
« Tirez »
« Je ne peux pas tirer sans appui »
« Calez votre arme sur mon épaule »
Il pose le fusil sur mon épaule droite, tandis que je me bouche l’oreille
« Tirez »
Rien…
Le brocard, maintenant très inquiet s’éloigne lentement en suivant la lisière de la friche, mais en se retournant de temps en temps pour nous regarder.
Je tente le tout pour le tout, et j’envoie à l’appeau le cri de peur. Le brocard fait instantanément demi tour et revient à son point de départ, toujours de profil, parfaitement offert…
« Tirez »
Toujours rien
Je jette un coup d’œil en coin sur le canon de l’arme, que je vois agité de tremblements.
J’ai compris !
Mon jeune chasseur est pris d’un accès aigu de « Fièvre du Brocard » et, avec sa tremblote, le croisillon de la lunette doit danser la gigue sur la cible.
Le brocard, lui, a décidé que cela avait assez duré. Brusquement, il prend le galop et regagne à toute vitesse le grand bois d’où il était venu….
Après l’affût sans résultat sur les sangliers, nous retrouvons mon ami aux
voitures.
« Je me demandais ce que vous faisiez à quatre pattes dans la prairie…
Puis j’ai vu le brocard »
« C’était le tien ? »
« Oui »
« Pourquoi n’as-tu pas tiré ? »
Explications embrouillées du jeune homme avec des considérations sur la visibilité, sur le règlage de sa lunette et sur la position inconfortable de tir, que je conclus par « Bock fieber ! »
Sourire...
« Tu es quand même un drôle de chasseur » fait mon ami
Et ce brocard, eh bien! on ne l’a jamais revu !!!
Le rut du chevreuil bat son plein et les brocards ont souvent à ce moment un comportement bizarre…
Je suis invité par un ami à un affût du soir pour le tir du sanglier.
Pour rejoindre mon mirador, il faut traverser une grande prairie rase.
Le poste du fils de mon ami est un peu plus loin, à la corne d’un grand bois et nous cheminons ensemble.
Il est jeune chasseur et me raconte qu’il y a dix jours, il a manqué dans ce coin un très joli brocard et qu’il le recherche désormais...Il a comme arme un mixte avec une lunette.
Nous sommes au milieu de la prairie, et là bas, sur notre gauche, à la lisère du grand bois, il y a une tache rouge. Un chevreuil !
Il est loin, très loin, à plus de 600m.
Je sors la longue vue, et, accroupi dans l’herbe, je la cale contre le fût de ma carabine… C’est un brocard, mais, malgré le fort grossissement de mon optique, je n’arrive pas à le juger…
Manifestement, il nous a vus et regarde dans notre direction. Nous sommes à bon vent, il a l’air très excité, et je décide de tenter de le faire venir à l’appeau.
Donc, appel de la chevrette en chaleur, fort, vu la distance, avec les mains en porte voix…
« Fiuuu….fiuuu…fiuuu… Le brocard fait dix mètres de galop dans notre direction, puis reprend le pas et se dirige vers un petit boqueteau au milieu de la prairie à 150 m de nous et disparaît derrière.
« Il est parti »
« Non, à mon avis, il traverse le boqueteau… il ne doit pas aimer les espaces découverts »
Effectivement, quelques minutes après, le brocard apparaît à la lisière du bosquet, mais ne semble pas décidé à aller plus loin. Il fait des va et viens au ras des buissons en s’arrêtant de temps en temps pour nous fixer. Il est quand même à une distance où l’on peut voir ce qu’il a sur la tête.
Il s’agit d’un joli six, pas très haut mais de la masse, bien perlé, silhouette massive avec un cou large… trois ans, peut être quatre...
Chuchotis dans mon dos, « C’est le mien ! C’est celui que j’ai raté »
Le brocard est toujours là bas, sur la lisière… Je tente un nouvel appel, bien plus doux, puisque beaucoup plus près que la première fois…
La réaction du brocard est immédiate : il démarre au galop, passe à dix mètres de nous pour rejoindre le bord d’une friche devant nous à 50m. Et là, il s’arrête, tendu, de profil, le cou dressé de toute sa hauteur et regarde fixement ces deux silhouettes étranges à quatre pattes, en plein découvert
« Tirez »
« Mon arme n’est pas chargée »
« Mettez une balle »
J’entends derrière moi le léger déclic du fusil que l’on referme…
Le brocard n’a toujours pas bougé, mais montre des signes d’énervement et d’inquiétude. Il commence à piaffer sur place des antérieurs.
« Tirez »
« Je ne peux pas tirer sans appui »
« Calez votre arme sur mon épaule »
Il pose le fusil sur mon épaule droite, tandis que je me bouche l’oreille
« Tirez »
Rien…
Le brocard, maintenant très inquiet s’éloigne lentement en suivant la lisière de la friche, mais en se retournant de temps en temps pour nous regarder.
Je tente le tout pour le tout, et j’envoie à l’appeau le cri de peur. Le brocard fait instantanément demi tour et revient à son point de départ, toujours de profil, parfaitement offert…
« Tirez »
Toujours rien
Je jette un coup d’œil en coin sur le canon de l’arme, que je vois agité de tremblements.
J’ai compris !
Mon jeune chasseur est pris d’un accès aigu de « Fièvre du Brocard » et, avec sa tremblote, le croisillon de la lunette doit danser la gigue sur la cible.
Le brocard, lui, a décidé que cela avait assez duré. Brusquement, il prend le galop et regagne à toute vitesse le grand bois d’où il était venu….
Après l’affût sans résultat sur les sangliers, nous retrouvons mon ami aux
voitures.
« Je me demandais ce que vous faisiez à quatre pattes dans la prairie…
Puis j’ai vu le brocard »
« C’était le tien ? »
« Oui »
« Pourquoi n’as-tu pas tiré ? »
Explications embrouillées du jeune homme avec des considérations sur la visibilité, sur le règlage de sa lunette et sur la position inconfortable de tir, que je conclus par « Bock fieber ! »
Sourire...
« Tu es quand même un drôle de chasseur » fait mon ami
Et ce brocard, eh bien! on ne l’a jamais revu !!!