Publié : 14 janv. 2014 12:10
Bon, je m’en doutais un peu, quand même : un fond de conscience traverse encore l’homme vieillissant. Et j’étais borgne. Mais un peu de vie s’agitait en moi, et un crime pour fêter ça, ça le valait bien. J’y suis allé. A la Pierre du Finit. En 12 ans, je n’avais jamais pris ce poste. Prendre est le mot qui convient.
La veille, pour tester jenesaisquoi, je suis allé vérifier ma 9.3 à 200 mètres, et une autre arme ou deux. Toujours 15 cm trop bas, ce 9.3… J’ai ajouté 7 clics haut. 7 x 0.7 cm x 2. J’étais à – 5 cm à 200 mètres, en théorie, en tous cas (balle corrigée). A la Pierre du Finit, j’ai dû défendre mes droits, car deux chasseurs l’envisageaient aussi avec insistance. Invités, sociétaires ? Je ne sais pas. N’allez pas croire que je saurais des choses. Ça se saurait.
..
J’ai eu envie de pleurer d’abord un peu en voyant deux chamois fuir vers la vallée. Un bouc au moins parmi les deux. Des touristes casqués montaient de la vallée plein axe Bataillouse, une cordée jouait à la montagne en venant de Cabre ; quatre ou cinq sportifs descendaient du sommet. Et tous devaient penser, à chaque tir, que la chasse, il faut arrêter ça. Massacrer des bêtes… Mais deux chamois qui n’ont d’autre choix que de filer vers le bas et vers le bois, c’est comme une panne de bandaison.
..
Bref, j’émerge du brouillard, tel le Peyre Arse des brumes. Quelques tirs retentissent. Impossible avec ma vue de merde de repérer les tireurs. Bien sur, on n’a pas de talkie walkie. C’est cher. Deux bichettes tomberont sous les balles d’invités sur les hauteurs, à droite de la première image. Je rêvasse.
..
Bataillouse tout petit, tout envahi
Et je sursaute. Une harde apparait, de 6 ou 7 bêtes à 120 m. Un beau daguet mène la danse. Elles disparaissent dans les ruisseaux, réapparaissent. 150 mètres. Mon cœur bat. Un peu. Le réticule se pose sur le coffre du daguet ; ma carabine est sur mon sac, mon sac sur un rocher, le rocher sur la montagne où est le daguet. Immobile. Comme au stand. A part que je ne troue pas la cible, l’animal n’a aucune réaction.
Le monde stable sur lequel j’essaie d’être debout vacille. Le daguet se trouve soudain environné de biches, bichettes, faons peut-être. De sa corpulence il dépasse largement. J’hésite à tirer encore. Et je tire son cou : ne pas risquer de blesser un autre animal. Cette fois, il s’enfuit, en tête au grand trot. Je pourrais lui envoyer les deux dernières balles, mais je ne comprends rien. Et je ne tire pas. Un autre chasseur tire.
Je vais sur l’anschuss, ou à peu près, sans rien trouver. Un chasseur que j’y retrouve me dit que j’aurais du tirer encore, car tout est open (toutes les classes). Maman ! Je fais quoi ici ?
Je rentre vite, pour des tas de raisons. Mais j’ai appris avant que la troupe laissait du sang. Comme les sangliers sont signalés, je reporte au lendemain la suite. Mauvaise nuit.
Et retour au lever du jour sur place. Je serre la main du chien, un labrador, ou au moins d’argent, et caresse un peu le maître, pour bien montrer que les bêtes, je connais ça. Et c’est parti pour 4 ou 5 km pentus. Nous échangeons quelques propos avec Canouille, mais assez vite le souffle me manque et je laisse 100 mètres d’avance au canidé et à son serviteur. Il suit la piste de la bichette tuée et trainée hier matin, puis celle de la harde comportant l’animal blessé, malgré la pluie de la nuit, qui on le sait bien, n’arrête pas le pélerit. Il s’assoit lorsqu’il voit la harde, Canouille ! Car il n’a pas le droit. Le grand daguet pète la forme et ne saigne pas, ou plus. Mon cœur s’envole. Difficile de détailler dans le reste du groupe. Je me sens lavé, un peu.
La descente est un peu dure. Je vérifie ma carabine à 230 mètres. Je rate la cible ! Mystère. Ai-je fait les clics dans le mauvais sens ? Diane me déteste-t-elle ? Y a t'il une vie avant la mort ?
..
Mon mauvais tir avec Bataillouse en arrière-plan ; le lendemain avec Canouille
La veille, pour tester jenesaisquoi, je suis allé vérifier ma 9.3 à 200 mètres, et une autre arme ou deux. Toujours 15 cm trop bas, ce 9.3… J’ai ajouté 7 clics haut. 7 x 0.7 cm x 2. J’étais à – 5 cm à 200 mètres, en théorie, en tous cas (balle corrigée). A la Pierre du Finit, j’ai dû défendre mes droits, car deux chasseurs l’envisageaient aussi avec insistance. Invités, sociétaires ? Je ne sais pas. N’allez pas croire que je saurais des choses. Ça se saurait.
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J’ai eu envie de pleurer d’abord un peu en voyant deux chamois fuir vers la vallée. Un bouc au moins parmi les deux. Des touristes casqués montaient de la vallée plein axe Bataillouse, une cordée jouait à la montagne en venant de Cabre ; quatre ou cinq sportifs descendaient du sommet. Et tous devaient penser, à chaque tir, que la chasse, il faut arrêter ça. Massacrer des bêtes… Mais deux chamois qui n’ont d’autre choix que de filer vers le bas et vers le bois, c’est comme une panne de bandaison.
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Bref, j’émerge du brouillard, tel le Peyre Arse des brumes. Quelques tirs retentissent. Impossible avec ma vue de merde de repérer les tireurs. Bien sur, on n’a pas de talkie walkie. C’est cher. Deux bichettes tomberont sous les balles d’invités sur les hauteurs, à droite de la première image. Je rêvasse.
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Bataillouse tout petit, tout envahi
Et je sursaute. Une harde apparait, de 6 ou 7 bêtes à 120 m. Un beau daguet mène la danse. Elles disparaissent dans les ruisseaux, réapparaissent. 150 mètres. Mon cœur bat. Un peu. Le réticule se pose sur le coffre du daguet ; ma carabine est sur mon sac, mon sac sur un rocher, le rocher sur la montagne où est le daguet. Immobile. Comme au stand. A part que je ne troue pas la cible, l’animal n’a aucune réaction.
Le monde stable sur lequel j’essaie d’être debout vacille. Le daguet se trouve soudain environné de biches, bichettes, faons peut-être. De sa corpulence il dépasse largement. J’hésite à tirer encore. Et je tire son cou : ne pas risquer de blesser un autre animal. Cette fois, il s’enfuit, en tête au grand trot. Je pourrais lui envoyer les deux dernières balles, mais je ne comprends rien. Et je ne tire pas. Un autre chasseur tire.
Je vais sur l’anschuss, ou à peu près, sans rien trouver. Un chasseur que j’y retrouve me dit que j’aurais du tirer encore, car tout est open (toutes les classes). Maman ! Je fais quoi ici ?
Je rentre vite, pour des tas de raisons. Mais j’ai appris avant que la troupe laissait du sang. Comme les sangliers sont signalés, je reporte au lendemain la suite. Mauvaise nuit.
Et retour au lever du jour sur place. Je serre la main du chien, un labrador, ou au moins d’argent, et caresse un peu le maître, pour bien montrer que les bêtes, je connais ça. Et c’est parti pour 4 ou 5 km pentus. Nous échangeons quelques propos avec Canouille, mais assez vite le souffle me manque et je laisse 100 mètres d’avance au canidé et à son serviteur. Il suit la piste de la bichette tuée et trainée hier matin, puis celle de la harde comportant l’animal blessé, malgré la pluie de la nuit, qui on le sait bien, n’arrête pas le pélerit. Il s’assoit lorsqu’il voit la harde, Canouille ! Car il n’a pas le droit. Le grand daguet pète la forme et ne saigne pas, ou plus. Mon cœur s’envole. Difficile de détailler dans le reste du groupe. Je me sens lavé, un peu.
La descente est un peu dure. Je vérifie ma carabine à 230 mètres. Je rate la cible ! Mystère. Ai-je fait les clics dans le mauvais sens ? Diane me déteste-t-elle ? Y a t'il une vie avant la mort ?
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Mon mauvais tir avec Bataillouse en arrière-plan ; le lendemain avec Canouille