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Publié : 20 févr. 2014 12:29
par white hunter
Le coup du génie









je sais la neige manque



Ce qui va faire marrer les marrants, mais dé-marrer les bougons, c’est que j’ai rencontré un génie. Pour de bon et un bon. Ce dernier m’a accordé un chamois, un cerf, un brocard. Comme un con, j’ai pensé trop tard au wapiti ou au buffle et les vœux ne sont pas échangeables, ni garantis. Je suis parti tôt pour une courte randonnée suivie d’affût. Mais ça allume un peu la machine à rêver, d’avoir ces trois bracelets en poche. Il y a sur cette zone au moins un cerf et au moins un brocard, et quelques chamois. Ne pas manquer, surtout ne pas blesser.



Sous vêtu chaudement de Odlo et de blanc survêtu je me lance. Et je m’embourbe aussitôt, par à coups, dans la neige. Moins 3 degrés, 10 km/heure de vent. Mon cœur à trop battre me fait mal et je dois m’économiser tout en gravissant 100 mètres de dénivelé dans 30 cm de neige gelée. Bon dieu, 60 ans … Arrivé à la limite du bois, je jumelle le grand rien blanc et pentu, il est un peu plus de 8 heures : ça caille mais j’ai chaud. Un chamois à 500 mètres, mais pas à 220, idéalement ... Je reste une heure comme ça. Ou deux. Dégustation de thé, c’est bien. Puis je pars doucement en direction de la victoire, du côté du col. Le chamois s’inquiète, s’éloigne, surveille. Je saisis mieux en voyant les deux bobos qui viennent oxygéner leurs raquettes, entre le chamois et moi. Emoi.



..



Le bouc ; la scène



Dépité, je vire à 180 degrés dans un flocon de poudreuse ; j’avais écris dans une gerbe de poudreuse pour la qualité de l’image, mais la licence poétique a des limites. Je m’approche du lieu tout au bout du massif, où mon coach tua un cabri lointain, et manqua le renard d’un doublé qui m’eût troublé. Des grands corbeaux bavards agrémentent une pause méritée ... chaque deux pas franchis. Désormais à belle hauteur, intelligemment, je ne lâche pas un mètre en revenant en direction du col, sous la limite des noisetiers. Je me pose, je bronze, je rêvasse, je déjeune de quelques abricots secs, je vise longuement le bouc à 450-500 mètres, et me rappelle que je n’ai pas le bracelet. Les génies sont parfois surfaits : trop vieux et trop gros. Non, pas le génie, le bouc. Mais il est accompagné d’un autre bestiau en contre bas. Je décide d’avancer quand le plouc de service vient polluer la blancheur. Trois personnes en une journée, ce n’est décidément plus possible. Je décide de ne rien faire, un cerf va bien venir avec un brocard. Pour le chamois, le génie n’a rien compris aux classes, mais cerf et brocard, c’est plus simple ...



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chamois et grand corbeau , un nid douillet ?



Les chevreuils apparaissent, deux femelles, dont une jeune. Je me régale à les observer. Ah ! Chiczut ! Un troisième larron, un garçon. 135 mètres.





..



brocard ; chevrette



Je me décide à tirer. Assis. Il commet un pas au moment du tir, et fuit comme dans un léger ralenti. La chevrette et le jeune sont toujours proches, reviennent finalement vers le bois, puis s’enfuient doucettement. Je quitte ma position, et je descends précautionneusement. Le brocard a fait 15 mètres. Je le photographie, et nous partons amoureusement dans la pente, ma main de fer dans ses bois de velours. Je croise l’administrateur qui m’a préparé les documents et il me dit avoir observé un cerf, candidat à un tir lointain. Bon … pas sans mon coach.



Il broute à 400 mètres. Pas le coach ! Nous avançons sur un chemin et nous y couchons dans une gadoue relative. Je ne vois pas grand-chose dans la Minox ; je prends une contre-visée significative. Le cerf se présente enfin de profil. Nicolas trempe également, juste à côté de moi. Prêt ? Il est prêt. Je lâche ma balle et le jaune flambe dans ma lunette. Raté, lâche le coach qui décoache aussi comme convenu, une grosse seconde plus tard. Le cerf chute, se relève et parcourt quelques mètres avant de tomber mort.





..



Fini la rêverie, et au boulot. La Sierra a pénétré en haut et en arrière de l’épaule, percé une côte, un rein, et créé un petit trou de sortie 50 cm plus loin, à la naissance de la cuisse. Nous retrouvons un morceau de plomb de 2 ou 3 grammes, dissocié de la chemise.

L’autre sierra, à 135 mètres a tapé trop en arrière du brocard, créant une bouillie interne dont j’extrairai les 3/4 du foie intact. Ouf ! J'avais faim.

Publié : 20 févr. 2014 15:39
par michel39
Superbe récit et belles illustrations… Bravo WH…



La bredouille est enfin vaincue…



Félicitations pour ce beau cerf.

Publié : 20 févr. 2014 15:58
par lemmy
Magnifique récit :mrgreen:

Publié : 20 févr. 2014 16:03
par Sebzvip
Belle histoire, bien raconté plaisante à lire. J'étais avec toi...



Félicitations.

Publié : 20 févr. 2014 18:21
par infovert
Rigolaud !



on ne tire pas un gibier plus loin que ses cibles d'essais.

Publié : 20 févr. 2014 19:22
par Alexis43
Salut,



Merci de nous faire rêver au travers de tes récits empreints de vérité modeste, agrémentés de paysages fabuleux que l'on aimerait tant partager avec cet homme de chasse, WHITEHUNTER. :)



Mon dieu, quel monde entre ta poésie et les listings froids et chiffrés des m'as tu vu, dont le seul but est de se faire péter l’ego!



Les chiens aboient, le chasseur blanc passe!



8)

Publié : 20 févr. 2014 22:35
par gui74
superbe photos, super récit et beau gibiers, félicitations.

c est vrai qu'on ne pense pas assez souvent a prendre des photos de nos chasse pour échanger nos bons moments(j'essayerai d'y penser pour l'année prochaine...)faut dire que quand je suis derrière un animal l'adrénaline et là et j oublie tout, meme quand j ai l'appareil dans le sac a dos...

Publié : 21 févr. 2014 05:28
par jo44
Très belle histoire, ça devait etre une superbe journée avec ce paysage et ces animaux magnifiques, félicitation a toi en tout cas.

Cordialement

Publié : 21 févr. 2014 06:52
par white hunter
Merci à tous. En chasse silencieuse, je ne suis jamais sous la pression. Un grand cerf, un très grand bélier, je ne dis pas ... J'ai souvent les photos de mes animaux chassés de leur vivant, y compris en battue une fois ou deux. Mais pour les tous grands, je ne laisserais pas filer les minutes.



Cette qualité d'âme qui veut que la quête soit plus importante que la prise, m'a joué des tours, comme des mouflons me montrant leur cul après les photos, et qui s'éloignèrent sans que je puisse tirer de jeune mâle.



Ce n'est pas le cas de tous les chasseurs, certains deviennent carrément bizarres en présence du gibier alors qu'avant ils paraissent normaux.

Publié : 21 févr. 2014 10:08
par infovert
il y aussi ceux qui ne peuvent résister à la tentation après avoir tué et qui ramassent un animal entier prévu pour le banquet des chasseurs.



bizarre ? comme si on manquait de quelque chose ici ?