Publié : 10 oct. 2007 17:54
ACTUALITES - 09 / 10 / 2007
Bientôt le retour du bison en France?
THORENC (AFP) - Après l'ours et le loup, bientôt le retour du bison? Une vingtaine d'imposants ruminants, qui avaient disparu du paysage français au Moyen-Age, pour cause de déforestation, ont été réintroduits dans le sud-est du pays, redonnant vie à l'environnement.
Sol sec, plantes pailleuses, herbes cassantes: sur le plateau du Haut-Thorenc, à plus de mille mètres d'altitude, dans l'arrière-pays de Grasse, l'ardeur de l'été a laissé la nature exsangue, comme dans tout le sud-est.
Le millier d'hectares de forêts et de prairies du domaine de Patrice Longour n'échappe pas au constat... sauf dans les espaces où Ponidur fait paître sa tonne nonchalante aux côtés d'une vingtaine de ses congénères: des bisons d'Europe arrivés de Pologne à l'été 2005 pour une expérience scientifique hors du commun.
Quelque 3.000 bisons d'Europe sont actuellement recensés dans le monde, alors qu'"il faudrait rapidement arriver à 5.000 individus pour sauver l'espèce", selon Patrice Longour.
A la différence des bisons accueillis dans les réserves animalières ou élevages français, le troupeau de Thorenc est le premier à s'ébattre librement dans un vaste espace naturel où il cohabite avec la faune locale des cerfs, chevreuils, sangliers, chamois, renards ainsi qu'avec des chevaux sauvages de Przewalski, et, régulièrement, des promeneurs en visite sur le domaine.
"Il en fut ainsi durant des siècles dans les forêts françaises et européennes avant que la quasi-totalité des bisons ne disparaissent au Moyen-Age, victimes de la déforestation", explique Patrice Longour, vétérinaire spécialiste de faune sauvage qui a bataillé durant dix ans, entouré d'un groupe de passionnés, pour faire aboutir ce projet.
Les transformations de la nature, deux ans après l'arrivée de ses protégés, n'en finissent pas de le stupéfier: les terrains travaillés par le troupeau comptent désormais entre 30 et 40 espèces végétales au m2 contre cinq à sept auparavant; les tapis d'aiguilles de pin qui étouffaient la floraison ont disparu, digérés dans un nouvel humus, plus riche, moins sec où s'épanouissent des herbes souples -trèfles, graminées, plantains, légumineuses.
"J'ai une équipe de jardiniers sans pareil: les sangliers fouissent la terre où les bisons déposent leur bouse pleine de graines prêtes à germer dans un substrat particulièrement riche. On parle de biodiversité, je la pratique !", décrit Patrice Longour.
Dans les bois les plus denses, le rouleau compresseur des bisons élague les branches basses, se régale des arbustes colonisateurs, crée des "igloos végétaux" où se réfugient les animaux, notamment les cervidés.
"Grâce au bison, la trilogie du feu des forêts méditerranéennes vole en éclats: plus de sol sec pour s'enflammer en un clin d'oeil, plus d'arbustes pour alimenter le feu, plus de branches basses pour le transporter dans les arbres", explique Patrice Longour. Une efficacité sans commune mesure avec l'entretien des forêts assuré par les bovins domestiques.
Il se prend à rêver: "la France pourrait participer au sauvetage" des bisons d'Europe "tout en offrant aux régions faiblement peuplées de nouvelles perspectives d'aménagement du territoire basées sur le tourisme animalier, la recherche scientifique et l'entretien des espaces naturels".
Bientôt le retour du bison en France?
THORENC (AFP) - Après l'ours et le loup, bientôt le retour du bison? Une vingtaine d'imposants ruminants, qui avaient disparu du paysage français au Moyen-Age, pour cause de déforestation, ont été réintroduits dans le sud-est du pays, redonnant vie à l'environnement.
Sol sec, plantes pailleuses, herbes cassantes: sur le plateau du Haut-Thorenc, à plus de mille mètres d'altitude, dans l'arrière-pays de Grasse, l'ardeur de l'été a laissé la nature exsangue, comme dans tout le sud-est.
Le millier d'hectares de forêts et de prairies du domaine de Patrice Longour n'échappe pas au constat... sauf dans les espaces où Ponidur fait paître sa tonne nonchalante aux côtés d'une vingtaine de ses congénères: des bisons d'Europe arrivés de Pologne à l'été 2005 pour une expérience scientifique hors du commun.
Quelque 3.000 bisons d'Europe sont actuellement recensés dans le monde, alors qu'"il faudrait rapidement arriver à 5.000 individus pour sauver l'espèce", selon Patrice Longour.
A la différence des bisons accueillis dans les réserves animalières ou élevages français, le troupeau de Thorenc est le premier à s'ébattre librement dans un vaste espace naturel où il cohabite avec la faune locale des cerfs, chevreuils, sangliers, chamois, renards ainsi qu'avec des chevaux sauvages de Przewalski, et, régulièrement, des promeneurs en visite sur le domaine.
"Il en fut ainsi durant des siècles dans les forêts françaises et européennes avant que la quasi-totalité des bisons ne disparaissent au Moyen-Age, victimes de la déforestation", explique Patrice Longour, vétérinaire spécialiste de faune sauvage qui a bataillé durant dix ans, entouré d'un groupe de passionnés, pour faire aboutir ce projet.
Les transformations de la nature, deux ans après l'arrivée de ses protégés, n'en finissent pas de le stupéfier: les terrains travaillés par le troupeau comptent désormais entre 30 et 40 espèces végétales au m2 contre cinq à sept auparavant; les tapis d'aiguilles de pin qui étouffaient la floraison ont disparu, digérés dans un nouvel humus, plus riche, moins sec où s'épanouissent des herbes souples -trèfles, graminées, plantains, légumineuses.
"J'ai une équipe de jardiniers sans pareil: les sangliers fouissent la terre où les bisons déposent leur bouse pleine de graines prêtes à germer dans un substrat particulièrement riche. On parle de biodiversité, je la pratique !", décrit Patrice Longour.
Dans les bois les plus denses, le rouleau compresseur des bisons élague les branches basses, se régale des arbustes colonisateurs, crée des "igloos végétaux" où se réfugient les animaux, notamment les cervidés.
"Grâce au bison, la trilogie du feu des forêts méditerranéennes vole en éclats: plus de sol sec pour s'enflammer en un clin d'oeil, plus d'arbustes pour alimenter le feu, plus de branches basses pour le transporter dans les arbres", explique Patrice Longour. Une efficacité sans commune mesure avec l'entretien des forêts assuré par les bovins domestiques.
Il se prend à rêver: "la France pourrait participer au sauvetage" des bisons d'Europe "tout en offrant aux régions faiblement peuplées de nouvelles perspectives d'aménagement du territoire basées sur le tourisme animalier, la recherche scientifique et l'entretien des espaces naturels".