Battue bressane d'avant 2013

Les modes de chasse du grand gibier : battue, affût/approche, vénerie, chasse à l'arc...
white hunter
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Message par white hunter »

Les sangliers, s’ils ne me fuient pas, cherchent à m’éviter. Après avoir eu ma part de chance auprès des grands cervidés, des mouflons, des chevreuils, je commençais à m’inquiéter un peu. Et là, c’est pas pour me vanter, mais samedi midi, hors un vent de vingt km heure, il faisait drôlement beau, en une Bresse douce et sans brouillard, tropicale presque, si elle osait. Un temps de victoire ! Lesté d’une choucroute solide capable de m’ancrer au sol et porté d’espoir léger capable de me faire voler, je me présente au local de la chasse. Mon neveu se trouve être le chef de battue. C’est lui qui a localisé ces sangliers qui nous attendent, sans le savoir encore. Une petite dizaine, semble t’il. Contre eux nous jouerons à près de vingt-cinq.



Je suis posté fort loin du lieu du lâcher des chiens (800 m ?), en numéro 1, du côté Est d’une figure imaginaire issue du génie géographique des piqueurs, qui doit nous assurer la victoire. Marco me donne consigne de tirer derrière … alors que devant ce serait parfait sur les 50 ou 100 premiers mètres aussi. Je n’y crois guère, de toute façon, car les sangliers devraient fuir vent dans le cul pour passer ici …



Eh bien, j’ai tort ! La voix de Tequila, petite teckel probablement portée sur la boisson, ne tarde pas à parvenir plus ou moins à mes oreilles. Après un ou deux ouaf ouaf lointains et incertains, une bande cosmopolite de cinq ou six sangliers, dont deux blondasses de la sous-espèce Sus scrofa bressica *, au tout petit galop, passe en diagonale à 170 mètres de moi, parfaits pour l’ épée que je me sens être, et rentrent au bois à nouveau (tracé 1 rouge). Mais Marco a dit niet. Ma Sauer frétille d’excitation, mes cartouches tremblent dans mes poches, mes poils se dressent … Nul ne bouge d’un millimètre sur la ligne. Tequila arrive une petite minute derrière, exprimant avec force son enthousiasme, et rentre à son tour au bois. Il faudra une petite demi-heure avant que n’éclate une pétarade qui me fait me pivoter sur ma droite. A 250 mètres de moi, et à bientôt 30 degrés de la ligne, quatre ou cinq sangliers toujours au bon trot, mais privés d’un partenaire tout gigotant au sol, vont disparaître. Je suis chaud-bouillant, 40-42 degrés à coeur, et je m’applique à leur envoyer deux balles à une distance monstre, mais que j’imagine moindre, ceci dit pour minimiser ma faute.



..





Une vingtaine ou une trentaine de minutes plus tard, tir en face dans le bois, et une ou deux minutes après, un sanglier beau par la taille, mais au pelage blondasse sort du bois à 300 mètres, au trot, il s’arrête, va filer à droite … Non, il continue vers moi, et je sais alors que je vais tirer (tracé 2 violet). Nul ne bronche, mais il s’arrête soudain à 75 mètres – j’imagine 40 au plus ! - et d’un saut vire à 90 degrés comme un fou pour sortir de la battue. Ma balle le manque d’un cheveu. Il traverse le chemin empierré et file plein travers et plein pré dans un sprint impressionnant pour rejoindre un bois salvateur. J’ai l’impression de tirer un peu trop devant quand je lâche ma seconde balle, après qu’il ait parcouru cinquante à cent mètres. Il fait une belle glissade sur le ventre, comme au cinéma. Il se soulève encore sur ses pattes avant, et avant que des chiens n’arrivent, je le foudroie par précaution d’une balle tirée avec appui, et une carabine aussi. Aucun chien ne vient, le teckel qui le suivait est resté avec Hubert, lequel m’a envoyé la bête. I’am very happy, so happy ! … Et mon neveu est content et fier du vieil oncle, saurai-je. Avec deux sangliers au tapis, la battue est arrêtée, même s’il reste des animaux au bois.



..





Deux ou trois chasseurs et piqueurs suivent la piste d’un animal blessé lors de la grande pétarade (12 coups ?), ou plutôt de deux animaux après analyse, et trouvent un 35 kg mort. Avec 3 sangliers, c’est encore mieux … 90 kg petitement armé, une femelle de 60 kg, et le petit de 35 kg. Sur le 35 kg, attribué en raisonnable probabilité à deux chasseurs quien furent proches, une ogive est restée sous la peau opposée au tir. Une accubond de 9.3 ! Et mon score double !

Je suis juste heureux de cette chasse bien organisée et fort sympathique, et déculpabilisé du tir vraiment lointain que j’ai tenté.















*Une mutation génétique confirmée par Darwin**



**Jean-Paul Darwin, celui qui tient le bar-tabac-poste-taxi. Il vendrait du bois, aussi. Mais il assure comme ça que c’est à cause qu’il y a toujours du brouillard. Un sanglier isabelle à cinq mètres dans le brouillard, c’est absolument invisible, qu’y dit. Comme il y a des piafs en train de périr car ils pondent plus tôt en suivant les températures, alors que les larves qui sont leurs proies n’ont pas modifié leur agenda, je me demande si ça va les aider, avec le changement climatique. Ca complique le problème, le réchauffage, hein ? Car des sangliers clairs de peau qui mangent, dans le brouillard, des asticots en retard, auront-ils vraiment un avantage décisif ? La grand-mère de ce keiler était – elle blonde aussi ? C’est un vaste chantier scientifique qui s’ouvre, à tout le moins.
white hunter
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Message par white hunter »

Ce n'est pas impossible que ce soit de la coquetterie, le sanglier étant intellectuellement fort avancé ... Cela reste heureusement une rareté, mais sur les sept animaux vus par moi, trois étaient de ce type, deux sont morts, dont un de main.



Sur cette ACCA, c'est la première fois que des animaux aussi clairs sont vus.
sdi
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Inscription : 27 avr. 2008 17:53

Message par sdi »

Comme d hab, excellent :)



Merci pour ce récit de début d année :mrgreen:
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