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par charly34 » 28 déc. 2013 06:12
ET DE SIX.
Le week end suivant Roger est bien décidé à se refaire et malgré le doute qui commence à s'insinuer dans son esprit il garde le
moral. Sacré pompon quand je vous dis qu'il lui en faut plus pour se décourager.
Dans la semaine une petite visite à l'armurier l'a vraiment remis sur le rail, son point rouge était encore une fois déréglé
pas étonnant qu'il est manqué ce gros mâle arrêté à cinq pas de lui!
Comme il a perdu confiance à son système de visée, Il hésite, peut être qu'il devrait monté sa lunette de battue la "Spartan"
mais finalement il opte pour son PR l'armurier l'ayant réglé il ne devrait pas y avoir de problème .....Enfin il espère!
Le voila posté sous la ligne électrique dans les Mazades, une petite crête entre la route de la carrière, et la route de Roussigné.
Il fait un vent à décorner les cocus, au dessus de sa tête les châtaigniers et les chênes menacent sans arrêt son intégrité physique.
Deux à trois fois il fait un bond spectaculaire, son coeur atteignant les 180 pulsations/minute croyant qu'une harde entière le charge
alors que c'est simplement une branche qui choie et roule dans la pente au milieu des feuilles sèches.
Il est tendu comme un arc le pompon, sa tête tourne et retourne dans tous les sens, il ne peut se fier qu'à ses yeux, le vent soufflant
en rafale anéantit toutes tentatives d'écoute c'est comme s'il était sourd le boulanger, alors il prend le temps d'imaginer le
calvaire des anciens qui malgré leur sonotone sont souvent dans le même cas que lui et eux tout au long de la saison...."Putaing ça
doit pas être drôle" se dit-il.
Tout à coup, là-bas au fond de la coupe il perçoit un mouvement: "y a quicon!" l'instinct du chasseur vient de reprendre le dessus
Instantanément sa carabine monte à l'épaule, trouvant appui sur un gros tronc de chêne il tente de calmer son excitation par de longues
inspirations ........C'est quoi ....un sanglier? Et non simplement un beau brocard décoiffé .
C'est le moment de mettre à l'épreuve le travail de l'armurier, 40 m le sépare de sa cible, bien calé contre le chêne heureusement d'ailleurs
car le vent aurait rendu sa visée impossible.
Il s'applique plus que d'habitude, il prend son temps au risque de voir le chevreuil s'éclipser d'un seul bond dans le fourré mais par chance
la bête immobile ne semble pas savoir de quel côté se défiler.
PAN! la chèvre chancelle, ses deux pattes avant semblent ne plus pouvoir supporter son poids et finalement elle chute. Pompon vient de lui
couper la gorge d'une seule balle.
Il est hilare le Roger ses yeux pétillent de joie, et comme dans un rêve il s'imagine; un bandeau sur la tête, une cartouchière en bandoulière
sur le torse, une kalachnikov dans la main gauche et le poing de la main droite levé vers le ciel en signe de victoire,
ce qui lui fera dire le soir au rendez vous de chasse: "Rambo est de retour" Si!Si! il a de l'humour quand il veut.
Bien sur il y en a encore un qui le chambre au pompon.
"Dis Pompon j'ai compris pourquoi tu les manques les sangliers......!"
"Ah bon et pourquoi"
"Avoir comme tu as tué ce chevreuil"
"??????"
"Ben oui quoi! tu l'as tué halal cette chèvre, t'as surement des tendances musulmanes,
alors c'est normal que tu manques les cochons"
Le dimanche suivant remonté à bloc par son coup d'éclat de la semaine précédente, il tire au sort le poste N°20 dans la canal longue
le vent s'étant un peu calmé il se dit qu'il va pouvoir confirmer, en effet ce poste est une des échappées principales du tènement chassé.
Demi heure de voiture + demi heure de marche et le voila à pied d'oeuvre.
Un magnifique sous bois de chênes vert, parsemé de buis dont la hauteur dépasse les deux mètres laisse la vue dégagée sur 15/20 m
Un ancien lui a expliqué au rendez vous, qu'il ne fallait pas tenir le poste à la pancarte mais au moins vingt mètres avant d'y arriver.
" Tu sais souvent ils passent sur le plat dessus et d'en bas tu ne pourras pas tirer"
Après une marche vivifiante dans la fraîcheur du matin notre héros arrive sur les lieux, d'un regard circulaire il jauge l'environnement
et décide de faire son séti* sur la charbonnière qui se trouve effectivement quinze mètre au dessus de la pancarte N°20.
Quatre cailloux empilés les uns sur les autres, un tapis de branches de buis par dessus et le voila confortablement installé pour une longue
attente, et oui ici la chasse peut durer quatre ou cinq heures, il le sait! dans son sac à dos il a même emporté de quoi déjeuner.
Deux heures plus tard un bruit caractéristique le fait tressaillir, dans la pente abrupte devant lui un animal arrive, de temps en temps un
cailloux roule, une branche casse il se rapproche de plus en plus........!
Pétrifié, debout sur ses jambes flageolantes le boulanger a compris que le ragot qui arrive fait le poids; celui là c'est pas une quiole*
Il n'ose bouger de peur d'être éventé la carabine à la hanche il ne mettra en joue que pour tirer et pas avant.......
Le voilà......! Mais bien au dessus de la charbonnière, accélérant sa course dans le sous bois comme s'il se doutait du danger qu'il encourait
en franchissant ce point névralgique; il est tout gris pesant sans aucun doute le quintal.
Notre chasseur épaule alors sa carabine, cherche dans son viseur panoramique la bête convoitée mais ne la trouve point, il s'énerve,
reprend sa visée et fini par apercevoir le masclas* là-haut au fond du sous bois prêt à franchir la ligne.......PAN!
Il se rend à l'évidence le Roger quand il entend dans la pente du versant opposé le galop du ragot en fuite : il vient de manquer
le septième.
Le cauchemar continue.
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