S comme sangliers

La chasse réserve toujours des moments drôles, insolites, émouvants ou palpitants. Racontez ici vos plus beaux souvenirs.
fd
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Inscription : 12 janv. 2013 20:57

Message par fd »

Cette histoire c'est déroulée bien avant l’an 2000, à l'époque où je n'avais pas encore passé le permis de chasse. Mon ami chasseur Riri, m'avait emmené comme a son habitude cette saison là, avec Jpouille un autre ami d'école l'assister pour quelques traques. Riri avait bien vite imaginé de nous présenter comme ces chiens. J'étais son chien d'arrêt, en effet depuis de nombreuses séances il s'était aperçut que faisans, perdrix, bécasses, lièvres, biches, cerfs, aucun n'échappait à mon œil de lynx. Quant à Jpouille, un mètre quatre vingt quinze il était chien courant, avec ces longues pattes il allait chercher les faisans dés-aillés comme personne. Le matin tout c'était déroulé comme à l'habitude, neuf kilomètres de marche dans les layons et la forêt. L'histoire commence après le déjeuné au moment du café :



Louis, un vieux chasseur, s'approche de notre table, il est comme électrisé. Lui qui plaisante tous les matins, "Bonjour les chiens, les deschiens! ", là il ne plaisant plus, c'est du sérieux. D'une voix grave il annonce : Un agriculteur auquel la chasse loue quelques hectares viens de téléphoner, il a vu tôt ce matin une horde de sanglier entrer dans son maïs, il ne faut pas les laisser ravager le champs. Louis est venu nous rappeler les consignes de sécurités et nous expliquer la marche à suivre. Le président parles aux postés et d'un coup lâche: "Allez tous les rabatteurs dans le tube, les postés avec moi». Je me retourne vers Riri, « le tube? ».

Oui, c'est un vieux tube Citroen de mon enfance qui nous emmène et nous lâche tel un régiment de parachutistes au pied du champs de maïs pendant que les postés prennent place. J'ai oublié le plan détaillé employé pour la battue, je me souviens juste que les rabatteurs armés avaient l'autorisation de tirer devant eux dans la traque, les postés étant sur les côtés, pour une raison que j'ai oublié les sangliers ne pouvaient s'échapper par le devant, non gardé. Les rabatteurs s'étalent en bordure de champs, nous sommes nombreux, je me souviens, les jeunes marchent jusqu'au bout.A ma gauche Jpouille sans fusil, puis Riri armé, moi sans fusil et à ma droite Louis deux chiens et un fusil, il veut toujours être en bout de ligne.



Un coup de trompe, la troupe s’ébranle,dés les premiers mètres dans le champs, je prend la mesure de la situation, les maïs sont bien haut, au moins deux mètres, je ne vois pas mon ami Riri qui est à quatre ou cinq rangées de maïs de moi. Je dois donc avancer aligné avec des gars armés que je ne vois pas, en faisant du bruit afin qu'ils sachent où je suis. C'est angoissant de ce sentir seul sans arme face à des sangliers, c'est ma première traque dans les maïs, tout de suite je paranoïlle : qu'est-ce que je ferai si je suis chargé? Ba, facile, je change de layon, et le sanglier continuera tout droit. Je me détend et avance, tout d'un coup à ma droite Louis hurle "sanglier", je vois passer un chien noir, moi aussi j'hurle : "il y a des chiens aussi".

J'avance et puis: quelle odeur, ça pue, nous avançons sous le vent et la forte odeur des sangliers est prenante, ils ont déjà passé un trop long moment dans le champs. J'avance. Hurlement sur ma gauche "A la houe, à la houe", je ne vois rien, j'entends Jpouille dire quelque chose comme "énorme avec des petits". Au loin, un coup de fusil, deux. Zut alors je suis mal placé, je n'ai rien vu! Qu'est ce que c'est que ce truc devant moi qui ne bouge pas. Noir.

Je ne vois pas bien a travers les maïs, mais c'est dans ma rangée. Je me baisse, ça ne bouge toujours pas, j'observe. Et oui, un sanglier, là assis sur ces fesses à vingt mètre devant moi, il m’attend. J'hurle "Riri, il y en a un devant moi, il ne bouge pas, viens le tuer". Riri ne répond pas, il attend que sur la gauche ça se soit calmé. Enfin il arrive, je lui montre l'animal, Riri épaule son 12 Winchester. Je compte une, deux, … vingt secondes Riri ne tire pas, je me demande bien ce qu'il attends. Puis un coup, un seul et le sanglier tombe. Riri hurle a son tour: le sanglier fait-t-il le mort? Aucun de nous n'a une dague. C'est le président qui n'étant pas très loin sert l'animal. Nous continuons la traque jusqu'au bout du champs. Trois coup de trompe, c'est fini.

Dé briefing à ferme: la troupe de sanglier était composée d'une énorme mère de petits, et de jeunes. La mère et les petits levés devant Jpouille, se sont échappés en prenant la sortie qui était gardée par Claudine, la présidente, qui a été retrouvée toute blanche et tremblante montée sur une botte de paille. D'autres bêtes sont parties sur un deuxième coté et un jeune a été abattu par un posté. Mon sanglier, 60 kg, tué net par la balle de Riri dans le défaut de l'épaule, c'est-t-il sacrifié pour que les autres puissent partir? Retour à Paris, Riri a tenu à prendre la tête pour la «montrer» à quelques copains.



Depuis ce jour, Riri, nous l'appelons : Sanglier. Louis est décédé. Jpouille le parisien est partis vivre en province, c’est marié, à deux enfants, un chien, et plein d’animaux domestiques. Ce fut mon dernier coup d'éclat en tant que chien d'arrêt, dès la saison suivante je passais mon permis de chasse. Je n'ai plus jamais été chien.
manant
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Inscription : 05 sept. 2010 16:40

Message par manant »

Le permis était justifié la carrière de chien n'a d'égale que celle du diseur, mes sincères félicitations et remerciements...pour ce récit.

A te lire ...!
galochon
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Inscription : 14 mars 2010 18:07

Message par galochon »

Bonjour,

Superbe histoire de chasse décrite avec brio, toutes mes félicitations !

A bientôt... on en redemande !

Cordialement,



galochon
yann-81
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Inscription : 02 juil. 2013 12:51

Message par yann-81 »

Merci pour ton récit :carton:es
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