Fin novembre 2010…
Je suis venu faire un petit tour sur ma chasse alsacienne après avoir fait l’un des tireurs officiels pour le field trial de Muttersholtz en Gibier tiré…
Quelques bécasses doivent être arrivées dans notre « grand bois » qui doit faire royalement 30 hectares… C’est l’occasion de sortir Bill qui ronge son frein dans la voiture.
Je mets la campane au cou du chien, une poignée de cartouches N°9 dans la poche, je prends mon petit Aya calibre 20 et c’est parti.
Bill est en pleine forme, entraîné qu’il est par la recherche des perdreaux gris dans la grande plaine Briarde depuis le début de la saison. Le milieu est très fermé, mais Bill quête au galop sans se soucier des épines et des ronces…
J’entends la clochette ralentir un instant et je vois débouler droit sur moi deux chevreuils qui m’évitent par un brutal crochet de côté.
Bill a repris sa quête sans se soucier de la chevrette et de son petit de l’année. Ca sert, la sagesse sur le poil…
On se rapproche de la lisière, séparée de la plaine par un fossé.
Et, brusquement plus rien. La campane s’est tue et Bill est quelque part à l’arrêt. Après quelques minutes de recherche, je retrouve Bill écrasé à l’arrêt sur le bord du fossé. Je ne suis pas convaincu que cette zone soit une place à bécasse, et je pense plutôt à cette compagnie de faisans que j’avais remarquée cet été dans ces parages .
A mon arrivée Bill me jette un coup d’œil en coin, puis se retend dans l’émanation…
Je referme mon fusil, et fait couler le chien.
Il fait 50 cm et une poule vole, puis, à la queue leu leu, sept poules partent successivement en bouquet. Pas de coq, donc je ne tire pas.
A chaque oiseau, Bill se relève un peu plus et finit par oublier la sagesse à l’envol et démarre sous l’aile de la dernière poule pour un petit brin de poursuite, vite enrayée au sifflet.
Petite explication de texte, sans trop insister, car Bill est maintenant « retraité » des fields….
On relance…
Encore un chevreuil, puis un autre et toujours pas de bécasse.
Un renard, dérangé par la clochette du chien me passe tranquillement au trot à une trentaine de mètres. Une cartouche de 9 dispersante, ça me paraît un peu léger pour tenter un tir sur ce vagabond.
Plus de clochette ! Là, je sais où est Bill et je tente de le rejoindre en traversant un roncier. Bien sûr, c’est quand je suis inextricablement accroché dans le roncier que vole la bécasse, que je salue d’un tir désespéré et, naturellement, inefficace…
Relancé, Bill me prend presqu’immédiatement un nouvel arrêt. J’ai tout mon temps pour me placer face au chien en coinçant entre nous un petit roncier sympathique où doit se reposer une bécasse…
Et j’attends.
Et rien ne vole.
Et Bill reste tendu.
Je mets un pied sur le roncier, et je vois sortir à deux mètres de moi, en toute tranquillité un joli ragot d’environ 70 kg qui prend sa coulée en agitant joyeusement sa queue à la verticale.
Toujours avec du plomb de 9, donc…
Bill n’a pas bougé, toujours sage sur le poil, et même le gros poil…
Je reprends Bill en laisse et je m’éloigne de ce coin de forêt.
Je relance dans une zone de baliveaux très serrés où Bill reste sous mon contrôle visuel, ce qui me permet d’ "admirer" la tape magistrale, quasiment entre ses pattes, sur une petite bécasse. Celle çi ne me fera pas le plaisir de monter à la verticale, mais s’éloigne à hauteur d’homme dans les gaulis sans que je puisse la tirer…
Un nouveau chevreuil, toujours respecté par Bill.
Je pense savoir où est la remise de la bécasse mise à l’envol par le chien. Effectivement , dès notre arrivée dans le coin propice, Bill rencontre, remonte une émanation et se fige à l’arrêt.
Tout va bien, le coin est dégagé et le tir semble facile. Sûr de moi, je fais quelques mouvements d’assouplissement pour être bien dans ma veste et j’avance…
C’était sans compter sur ce gros arbre sur ma gauche…
La bécasse part au ras du sol, crochète derrière l’arbre, et, quand je la revois, elle est à une quarantaine de mètres. J’ai la faible consolation de tirer mes deux coups, sans doute pour faire du bruit...
3 levées, 0 prélevée, une chasse banale à la bécasse, somme toute…