mon safari corse

La chasse à l'étranger et son gibier.
white hunter
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Inscription : 20 janv. 2010 18:11

Message par white hunter »

Croyez-moi pour les croyants, ou ne me croyez pas pour les infidèles, mais j’ai été Outre-Mer. Chasser le sanglier différemment, presque à l'étranger. Une aventure corse qui marque mon changement d’âge, mon changement de statut, et le début du reste de ma vie. Y aller fut long, vagueleux et venteleux ; le ferry soulevait des gerbes d’écume, et j’écumais et je gerbais … presque. Bourré de Pietra rafraîchissante, de Patrimonio ensoleillé, de poulpe en gélules et de Mercalm en salade, je m’allonge dans ma belle cabine avec hublot. Pour moi seul, car je voyage richement. Le filet du hamac, c’est plus pratique, disent les marins-pêcheurs qui vomissent … le confort.



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La corsitude, ça se gagne, et à peine à pied sec, nous gagnons aussitôt 1000 mètres d’altitude pour nous poser au coin d’un maquis. D’un maquis en vrai bois d’arbre d’ailleurs, tout en Corse est authentique, autant que l’on puisse voir. Et je fais ma Jeanne aussitôt, j’entends les célèbres voix, jouées cette fois au calibre douze. On distingue les voix, en 12-70 et à petit plomb, des tirs qui s’expriment généralement en 12-89 à grosses billes.



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Le cursinu a tout d’un grand chien, et même un peu plus. C’est un chien Gordini, par sa puissance et par ses rayures. Il lance avec entrain, et à cette musique rageuse s’ajoutent les tirs de 12-70 (z’avez suivi ?) qui incurvent l’univers infini, et la course bientôt finie du sanglier. La musique va crescendo en se rapprochant, je me tiens prêt à jouer ma partition en 27 mineur et/ou en 16 majeur, mais le sanglier corse va se faire tuer par un corse, en général. Fiers et ombrageux qu’ils sont tous deux. Relire quatre fois ce paragraphe, pour les quatre sangliers tués au(x) poste (s) voisin(s). Car les cursini reviennent à leur piqueur comme les oignons dans l’huile, une fois le sanglier tiré. Rajouter un sanglier tué « en bas » pour le tableau final.







Déçu mais content quand même, je révise un peu le soir mes accents toniques, je visite un peu, j’oursine et je marcassine. Rebelote deux jours plus tard. Le froid est moins sibérien – même si cette chasse se déroule bien sur la bordure arctique de la Corse – avec un soleil toujours présent. Sept sangliers meurent de mort violente, et cette fois encore je ne tire point. Sans doute allez-vous croire que je le fais exprès : c’est faux car on m’a donné les cartouches et les épargner est sans intérêt même pour un auvergnat extrémiste. Nous sommes pas loin de de vingt chasseurs pour ces 7 victimes.



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Déçu mais content, je me dis qu’il faut laisser l’année se finir. Comme nous tirons en moyenne – au sens belge – un sanglier pour deux chasseurs à chaque battue, je sais que la troisième battue me fournira mathématiquement 1.5 sanglier … Au moins ! Si la guigne n’est pas soluble dans l’eau salée, alors le passage de l’an fera son œuvre. Et samedi, c’est kermesse. LA battue. Pas loin de 40 chasseurs, plus de trente, c’est sûr pour une traque immense. Mon poste est somptueux ; Alain avec une machette révise le chemin rarement emprunté par les bipèdes, qui nous mène au col, et qui m’y laisse. Je suis à 1000 mètres d’altitude. Les vieux châtaigniers sont superbes, les pics enneigés sont tout proches. La musique ne cessera pas les deux premières heures … sans qu’un sanglier daigne passer ce col. Par instants deux menées semblent converger vers moi, ce sera pour cette fois … Et non. A 300 mètres de moi, mon invitant a hérité d’un poste sourd (ruisseau du bas, et relief). Une seule menée parvient à ses oreilles, qui lui sert un magnifique vieux sanglier qu’il occit à vingt pas, d’un coup d’un seul, de son joli drilling.



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Déçu mais content, je comprends que ma corsification n’est pas achevée. Un stage d’été est envisagé pour des approches en montagne et des battues en voilier. A moins que ce ne soient des activités séparées. Pour l’heure je vois sur Iphigénie mes postes marqués sur l’île que je quitte, et j’emporte cette belle image de Pisca et son vieux sanglier.



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Merci à mon ami corse, et à la Corse.
julien 56
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Message par julien 56 »

Bravo et merci pour le récit, on s'y croirait en effet. Et ça donne envie d'y aller !
white hunter
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Message par white hunter »

Merci Julien. C'est une splendeur et j'aimerais y chasser un sanglier à l'approche en montagne, à plus de 2000 mètres, dans ces sites ensoleillés et sauvages. J'espère réaliser cela en 2015, ou en 2016 ...
yanosh
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Message par yanosh »

Salut W.H,



Tu nous régales vraiment avec tes récits, merci du partage :) .
white hunter
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Message par white hunter »

Merci yanosh. J'ai fait de très belles chasses cette année, mais je n'ai tiré que trois fois.
yanosh
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Message par yanosh »

Ton introduction donne vraiment envie de prendre le Ferry, une véritable invitation au voyage :x :x ...



Pour le tableau de chasse je préfère la qualité à la quantité et je sais que le tien est parfois "classieux", j'ai souvenir d'un cerf prélevé à la 9.3x62 qui t'avait laissé une jolie marque sur le front, il en découlait d'ailleurs une réflexion fort juste sur l'inconfort relatif de ce calibre pour des tirs "couché", de surcroît quand l'arme est équipée d'une optique :D .



A+++
Zenie
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Message par Zenie »

Bonsoir,

c'est vrai que ça donne envie...

J'y ai passé 3 semaines cet été, je me voyais à la chasse de partout!

Ou as tu passé ton séjour?
white hunter
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Message par white hunter »

Merci pour ces échanges. J'ai chassé sur la commune de Bastelica, qui se situe à 40 km environ d'Ajaccio (14000 hectares !). L'endroit est relativement vif en sanglier, mais aussi à certaines époques en grives, palombes et bécasse.



Je rêve d'y tirer un jour un sanglier à l'approche, à 2000 m d'altitude dans la montagne du mois d'août, d'admirer les truites du petit fleuve pour souffler en redescendant, de déguster son coeur accompagné d'un patrimonio ou d'une cuvée Alexandra de jesaisplusquellappellation, en revivant la chasse ...



Rêver, c'est déjà ça.
white hunter
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Message par white hunter »

Les sangliers corses ne sont pas porteurs de trichines, ai-je appris, ce qui autorise charcuteries sèches et cuisson rosée.
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