Motivation minimale, mais suffisante pour chasser ... Après la visite virtuelle chez le spécialiste à 400 euros, réglage. Deux tirs à la cible ... 12 cm trop haut
et 4 à gauche, clic clic. Deux autres tirs ... dans l'axe mais 5 cm au-dessus encore. Clic clic dans l'axe, un seul tir, deux cm au-dessous environ. Parfait car on est à 195 mètres, la Brno Effect et moi.
Plus aucune raison valable pour rester à la maison. Mais qu'il fait chaud ! Je me console en me disant qu'avant de commencer à tournicoter dans les petiots chemins dans cette phase de repérage, je me taperai une bière bien fraîche ... Pourquoi petite, d'ailleurs ?
Mais le bistroquet est fermé. Je mettrais bien le feu de colère à ce sympathique hôtel, mais comme il ré-ouvre après congés le 10 juillet, ce serait ballot. Je ravale ma dernière goutte de salive, j'enfourche mon destrier et j'attaque la prospection, un œil à gauche, un à droite, et le reste pour la route. Un énorme bestiau dans un pré est couché dans l'herbe d'un vert explosif ... brocard, chien, veau ??? Que nenni, un lièvre gigantesque, mais mon apn n'est pas à portée de main. Quel maoussssse !
Et je continue mon chemin à 90 degrés -c'est la direction- par 31 degrés ( c'est la température) avec quelques arrêts jumelage. Je glisse vers le lac du Tolerme. Ne m'imaginez pas lapant l'eau du lac, c'est juste qu'il y a un bar. Cigarillo déjà aux lèvres, la terrasse surplombant le lac me tend ses bras tandis que des naïades se prélassent dans l'eau ... Mais la porte me résiste. J'envisage un court instant de faire sauter l'établissement qui l'a bien cherché, mais la poudre de mes cinq cartouches n'y suffirait pas.
Poursuite vers le Bousquet, à 300 degrés mais toujours 31 degrés. Alors que je vais virer à droite, je vois que le patelin suivant n'est pas loin, et j'y file boire une petite bière. Il est tôt encore … mais pas de bar dans ce village, pas de pioche non plus dans mon coffre pour le raser. 10 kilomètres plus loin, je bois une des meilleures Leffe de ma vie. Je demitourne, il fait 32 degrés et reviens vers le Bousquet, où écoutant mon instinct, je m'embourbe -à peine- dans un chemin de terre. Une chevrette et son faon se laissent observer. Il y aura bien un broc aussi … Mais non, et la vue ne porte pas.
S'ensuivent une quinzaine de km en voiture et un ou deux à pied sans observer autre chose que trois chats à fouetter. Le paysage est très vert, et les maïs sont splendides bien que le soir tombe *. Avant de décider si je dors et où, Renac doit être visité, ou Vielcanet. Je pilouface dans ma tête et je file rejoindre le hameau gagnant. Marcher dans le bois fait un vacarme inconcevable. Bingo, le seul brocard sourd de la commune est dans la parcelle de prairie non fauchée … 160 mètres, une distance qu'elle est bien. Sauf que j'ai oublié le bibi-pied
. Ça tremblote pas mal, je me remémore à titre de médicament l'éterlou tué ainsi à 230 mètres il y a longtemps. Mais ça tremblote toujours et les hautes herbes entre lui et moi sont innombrables, bien que la nuit approche**.
Il faut prendre un parti … Je descends de ma bosse forestière, contourne à la limité de la prairie, je retrouve mon bestiau à 110-120 mètres, luminosité faiblarde malgré la lune ronde. L'air est immobile, et je n'aime pas ça plus que l'herbe haute qui le masque toujours en grande partie. S'il était 20 mètres à droite … Comme s'il avait entendu, mais mal compris mon souhait il lève la tête, aboie et file en traversant la zone parfaite ... et disparaît dans le bois.
Je suis content, j'ai vibré et mon tir aurait été trop hasardeux sur le simple bâton. Soudain je vois bouger des vergnes un peu plus bas et 50 mètres plus à gauche, sauvagement secouées. Et apparaît une tête de chevrette affamée. Mais non ! De brocard. Et qui aboie. Puis se tait, puis approche un peu. Le même sans doute. 160 mètres environ et toujours dans cette pente avec beaucoup d'herbes hautes entre lui et moi. Le temps qui passe est plus que jamais mon ennemi. Il FAUT qu'il avance vers moi rapidement et je le tirerai de face sur la petite bosse. J'aboie t'y ou je buttolote t'y ? Je pilouface , et je buttolote. Rien ! Je fais demi-tour et je quitte ce brocard aboyant follement.