Salut,
Merci DARNEPASSION pour ces précisions qui permettent de mieux comprendre le sens du mot "soudure" lorsqu'il est employé par Mr DARNE puisqu'il était avant tout métallurgiste plutôt qu'armurier.
Et si, à l'inverse, il avait été avant tout armurier, eut il été possible que son génie soit encore plus grand en ce sens? On peut en douter au vu de ses fusils dont le concept est déjà génial!
Effectivement, en tant que métallurgiste, il fait bien le distinguo entre la soudure qui implique la fusion des matériaux à souder, et le brasage qui se pratique à plus basse température sans aller jusqu'à la fusion des matériaux, en particulier de l'acier.
C'est la différence fondamentale entre le soudage et le soudobrasage. Dans un cas il y a fusion, et donc reconstitution du réseau atomique avec ses liaisons, dans l'autre, non, il n'y a pas de fusion, mais simplement "collage à chaud" si je puis dire. (un peu plus que ça quand même quand on va voir en détail...).
Le problème, lorsque l'on soude des aciers qui ont subi un traitement thermique de trempe, est que le soudage nécessite une température de fusion de l'ordre de 1500 °C selon la teneur en carbone (pour les aciers au carbone qui nous intéressent, début du liquidus vers 1300 ° C).
Cette température est évidemment très supérieure à la température de 730 °C, température à laquelle la transformation de la structure cristalline commence, transformation qui va permettre l'insertion des atomes de carbone dans la maille atomique du fer en plus grande quantité.
Pour rester simple sans employer de mots savants, les atomes de carbone vont venir se loger au milieu des atomes de fer en plus grande quantité qu'a température ambiante. La trempe va alors, par refroidissement brutal, bloquer ces atomes de carbone dans la structure obtenue en les empêchant de migrer pour retrouver la structure d'équilibre initiale.
La nouvelle structure obtenue in fine est donc saturée en carbone et c'est ce qui lui confère ses caractéristiques mécaniques par "blocage des atomes".
Mais ces effets sont réversibles, c'est à dire que si l'on chauffe au dessus du point de transformation pendant un temps suffisant pour homogénéiser et que l'on refroidit lentement, alors les atomes de carbone "reprennent leur place" on efface tout ou partie du traitement de trempe.
Cela explique donc que le soudage modifie la structure de l'acier puisque forcément, la température de transformation est atteinte aux abords de la fusion, température qui décroît de 1500 à l'ambiante sur une certaine largeur..
A l'inverse, le brasage qui intervient à des températures plus basses, de l'ordre de 200 à 600 ° C selon les alliages, ne modifie pas la structure atomique et donc ne modifie pas en ce sens les caractéristiques mécaniques.
Par contre, un maintien en température va modifier les caractéristiques mécaniques de l'acier par diffusion du carbone, en fonction des températures atteintes et des temps de maintien....
Ce sont les différents TT d'adoucissement, revenus, détentionnement etc etc etc et c'est autre chose!
Donc, quand Meur DARNE dit "sans soudure", il veut bien dire sans soudure au sens propre, avec fusion mais avec soudobrasage possible.
Alors que l'on aurait pu penser qu'il s'agissait de canons mono-blocs où assemblés comme tu le signales à force, à l'azote pour la partie mâle où à chaud pour la partie femelle, par exemple, où encore assemblés par brochage, filetage etc.
Pour ce qui concerne l'appellation "NILL CORRO", désolé mais je n'en ai jamais entendu parler.
On peut penser à corrosion et donc à un acier à résistance améliorée à la corrosion soit par addition de chrome/nickel où bien par un traitement de surface spécifique?
Encore merci à toi pour ta passion des DARNE et tes explications!
8)