Bon... Je me permets de faire un copier/coller des écrits d'un chasseur sur un autre forum (forum non dédié à la chasse, je précise) à propos du renard et justement, à propos de ce décret !
Pour agrémenter un peu votre discussion, je pense que celle-ci ne serait pas complète sans l’opinion d’un chasseur. Et oui, certains d’entre eux fréquentent aussi le forum…
Et en tant que chasseur, je trouve que le décret figurant au JO est… une ineptie.
A l’heure actuelle, il ne me semble pas exister de motivations scientifiquement étayées de chasser le renard si ce n’est le plaisir qu’éprouvent certains à faire du « carton » gratuit. Est aussi particulièrement dommageable et pernicieuse la notion d’ « animal nuisible » qui perdure encore dans les textes officiels.
Sans entrer dans les détails, quelles sont donc les prétendues justifications de la chasse au goupil ?
LA RAGE ?
La lutte entreprise contre cette zoonose a longtemps servi de paravent à une intense campagne de destruction vulpine(chasse, piégeage, empoisonnement). Le raisonnement sous-tendant cette démarche était basé sur le fait qu'une diminution de la densité de renards limiterait les contacts entre individus et donc la transmission du virus rabique.
Les résultats ont été tout autres, la dynamique de reproduction de Goupil déjouant ce plan, et affichant au grand jour l'inutilité des méthodes employées.
En fait seule la stratégie de vaccination des populations de renards au moyens d’appâts contenant une souche atténuée du virus rabique a porté ses fruits et conduit, à elle seule, à la disparition de la rage en France et en Belgique.
Il n'y a donc en l'occurrence aucune raison valable de pourchasser le renard en tant que vecteur potentiel de la rage, une veille épidémiologique s'avérant néanmoins nécessaire afin de prévenir une possible réapparition de la pathologie. Dans ce contexte, l'Entente Rage et Zoonoses (ERZ) à laquelle appartient près de la moitié des départements français, réalise des échantillonnages de population vulpine par tir sélectif de nuit et procède aux analyses adéquates. Exécutés par des professionnels assermentés, ces actes de prélèvement limités ne peuvent être considérés comme des actes de chasse, mais comme les corollaires indispensables à une politique d'épidémiosurveillance rigoureuse.
L’ECHINOCCOCOSE ALVEOLAIRE ?
Il s’agit de la nouvelle anthropozoonose à la mode ! Si son extrême gravité ne doit pas être sous-estimée, faut-il pour autant abattre Goupil à la pelle pour s’en prémunir ? Ce serait raisonner un peu vite pour trois raisons :
Tout d'abord, le risque réel provient surtout des chiens et chats et de leurs rapports affectifs avec l'homme, d'autant plus que la parasitose est asymptomatique chez ces animaux. Le renard n’est source directe de contamination que pour une frange particulière de la population (chasseurs, piégeurs, forestiers);
Ensuite, le risque de contamination indirecte, via des substances souillées par les déjections, peut être minimisé par l'application de mesures d'hygiènes élémentaires (éviter de consommer des baies sauvages, se laver les mains régulièrement, éviter l'accès des chiens et chats aux bacs à sables urbains, etc) bien plus efficaces qu'une régulation des populations vulpines ;
Enfin, cette dernière risque plutôt d'accroître la diffusion géographique de l'affection au lieu de la minimiser, en favorisant les migrations des populations de renards.
LA PREDATION AVIAIRE ?
Renard = voleur de poules. Si par le passé les dommages économiques que pouvait occasionner notre canidé à de petites exploitations familiales sans le sou pouvaient être lourdes, il faut bien reconnaître que le paysage agricole français a bien changé. Et l’emploi de recettes simples lors de la construction de poulaillers(clôtures grillagées de 2 m de haut et partiellement enterrées) suffit à décourager souvent toute velléité d’intrusion.
Et bien des poulets élevés en batterie dans des élevages en « dur » ne verront jamais au cours de leur brève vie, ni renard, ni … la lumière du jour.
LA PREDATION DU PETIT GIBIER ?
Stupidité majeure plébiscitée par de nombreux disciples de Saint-Hubert : le lâcher de petit gibier.
S’il est vrai qu’en plusieurs régions la densité du petit gibier a décru au cours des dernières décennies, la faute en revient surtout à la mutation des politiques agricoles, et non pas au renard. Et j’avoue ne pas voir de corrélation positive entre nombre de renards abattus et densités de petit gibier en bien des régions.
Pour n’en prendre qu’un seul exemple, cher à notre ami Ronan : la Bretagne. En dépit d’un taux d’abattage de renards parmi les plus forts en France (> 10 000 par département et par an), la population de perdrix grise est l’une des plus faibles (0-5 couples / 100 ha)…
Aussi est-il tellement simple de lâcher ici et là du gibier d’élevage incapable de se défendre et que certains nemrods tireront à 10 mètres sans effort. Hormis quelques expériences fructueuses basées sur la capture et la réintroduction d'individus sauvages dans des biotopes adaptés et des réserves de chasse étendues, le lâcher de gibier est souvent décevant : gibier inadapté à la vie sauvage, problèmes de pollution sanitaire et génétique, image de la chasse dégradée. Et reprocher au renard de profiter d'une telle manne alimentaire facile à capturer frise la malhonnêteté intellectuelle quand certains chasseurs se félicitent de la prise aisée d'un oiseau lâché le matin même ! Pourquoi reprocher à l'un une solution de facilité quand l'autre en use et en abuse ?
LES PREDATIONS ANNEXES
Lorsque les proies habituelles du renard viennent à manquer, on peut parfois observer un phénomène de prédation alternative vis à vis de faons de chevreuil. Certaines études montrent que le taux de prédation peut être très important, mais celui-ci ne met pourtant nullement en danger les populations de cervidés européennes, presque partout en expansion.
D’autres types de prédation ont aussi été recensés, vis à vis d'agneaux par exemple. L'impact réel demeure délicat à mesurer, mais demeure probablement très faible et n'est que rarement cité en France comme justificatif de la chasse au renard.
Plus gênante est la prédation qui peut résulter de l'introduction du renard dans des biotopes d'où il était originellement absent, comme en Australie, et où il est susceptible de causer des dégâts sérieux à la faune locale. Il apparaît nécessaire dans ce cas de pouvoir réguler ses effectifs de façon à préserver l'équilibre d'un milieu qu'il perturbe gravement.
Il n'est pourtant pas aussi facile qu'on peut le croire de prime abord d'appréhender cette notion d'équilibre naturel et le rôle qu'y jouent les prédateurs. Dans la plupart des cas, la prédation est de type "additif" à la mortalité naturelle, mais il peut arriver qu'elle ne concerne qu'un excédent de population comme le souligne une étude menée par Banks en Australie. Dans ce cas de figure, la régulation du prédateur n'entraîne aucun accroissement des effectifs des espèces prédatées.
Par ailleurs, la préservation des équilibres naturels oblige parfois à des choix cornéliens, au point de parfois aboutir à la destruction volontaire d'une espèce protégée pour en sauver une autre ! Sur l''île de Santa Cruz en Californie, les autorités ont ainsi été confrontées à la problématique de destruction d'aigles royaux... pour sauver le renard indigène.
CONCLUSION
J’ai volontairement fait l’impasse sur d’autres motivations annexes (commerce de la fourrure, alimentation etc) qui sont marginales voire inexistantes en France.
En fait, il me semble que le renard bénéficie d’une image négative infondée aux yeux de bien des agriculteurs et chasseurs. Et que sa chasse est surtout motivée par le plaisir de tirer deux cartouches sur ce qui bouge ou par tradition. Et lorsqu’on parle de tradition… Il s'agit probablement de l'argument le plus discutable justifiant la poursuite d'une activité, quelle qu'elle soit, et responsable des comportements les plus réfractaires à toute évolution…
Certains d’entre vous se poseront sûrement la question de savoir si je suis réellement chasseur. Et oui, je le suis. Mais en dépit du fait de disposer de l’un des chiens d’arrêt les plus brillants en France à l’heure actuelle, et de croiser bien du gibier, je ne trouve personne pour m’accompagner à la chasse ! Pensez-vous, quand je me limite à 5 pièces par an pour ma consommation personnelle immédiate, quand je m’émerveille du perdreau qui s’envole sous le nez du chien et que je ne tire pas, quand au bout d’une heure je troque le calibre 16 contre un 100-400mm, il y en a qui ne comprennent pas… Tant pis.
Pour en revenir à MON avis, je vais faire un parallèle avec la situation du loup et même de l'ours...
Dans les pays de l'Est, les bergers sont TRÈS PEU concernés par les attaques de loups et d'ours, et savez-vou pourquoi ?... PARCE QUE DEPUIS DES MILLÉNAIRES LEURS MÉTHODES SONT ADAPTÉES À LA PRÉSENCE DES PRÉDATEURS !
À titre d'exemple, une meute de loup (nb : il y en aurait 3 à 6 seulement en France à l'état sauvage) se contente de 1 chevreuil par semaine pour survivre et ne tue QUE par nécessité. "Ouah c'est énorme" diront certains chasseurs, qui eux en prélèvent 480 000 par an (soit plus de 1000 fois plus !!!)
Seulement en France on veut modifier les habitudes de nos prédateurs et non les nôtres (ce qui est évidemment impossible).
Pour les poulaillers, excusez moi mais si on y mets les moyens, Goupil ne passera pas ! C'est clair que des poules en liberté ou avec une clôture de 1 mètre ne feront pas long feu devant maître renard
(ou devant n'importe quel chien errant ou échappé !!!)
Mes grands-parents avaient une ferme en bordure de village, avec un énorme poulailler (300m², entouré d'un petit mur de 50cm + grillage jusqu'à 2 mètres) ; ils n'ont JAMAIS subit d'attaques de renards, alors que d'autres maisons plus au centre du village étaient sans cesse les proies de ses attaques
Il faut dire qu'ils prenaient le temps de rentrer les poules chaque soir dans leur petite maisonnette ! Mesure SIMPLE et efficace !
Le renard, "ce nuisible"...