Aujourd'hui, je suis accueilli par un brouillard à couper au couteau à mon arrivée sur le territoire de chasse.
Visibilité à guère plus de cinquante mètres, et ça ne risque pas de se lever avant midi…
Il va falloir serrer les chiens et faire ce que je déteste, chasser au sifflet.
Pas question de lâcher Will, puisque, justement, je travaille son envergure de quête.
Donc toute cette matinée va reposer sur Bill, le vétéran, qui connaît par cœur la musique…
Après avoir été chercher le vent , en en profitant pour enfumer un pigeon qui passe au dessus de ma tête, égaré dans le brouillard, j’attaque des pièces de colzas, trempées par la rosée, sans trop y croire.
C’est de la chasse en musique.
Dès que Bill est au bord de disparaître dans la brume, « tut, tut » et le chien coupe son laçet repasse devant moi, « tut, tut », pareil de l’autre côté.
C’est frustrant, désagréable et pour tout dire chiant…
Je vois voler un perdreau, sans avoir bien pu voir ce qui s’était passé.
Par contre je vois très bien l’arrêt qui suit, un peu plus loin.
Ca vole, pan, le perdreau tombe (alléluia !
) et Bill fait un rapport parfait…
Une pièce de colza, deux puis trois et rien d’autre…
Je suis sur un chemin pour aller chercher un guéret, et je suis inattentif.
Merde ! Bill en a profité pour partir dans le brouillard.
Je siffle à tue tête, mais Bill ne revient pas.
Tout en sifflant, j’avance sur le chemin et, brusquement, émergeant du brouillard, j’aperçoit Bill écrasé à l’arrêt en plein milieu du chemin en direction d’une petite haie.
Je referme le fusil, j’avance et jaillit une grosse compagnie du sillon séparant le chemin et la haie.
J’épaule, je prends un oiseau et je tire…
Une volée de plume, l’impression que ça tombe de tout côté…
Médusé, j’en oublie que j’ai encore un deuxième coup et je regarde partir la compagnie pendant que Bill, qui s’est précipité au rapport me ramène, un, puis deux, puis trois perdreaux…
Un triplé avec une cartouche, ça ne m’était jamais arrivé !!! yah:ou
Finalement, un 20, même servi par un branquignol comme moi, ça peut être meurtrier…
L’après midi, le brouillard s’étant levé, j’ai pu sortir Will, qui après deux tapes excusables par vent tournant, m’a verrouillé magistralement un perdreau isolé dans un colza déjà à la hauteur du genou, suivi d'un excellent rapport.
Will, à chaque sortie, devient de plus en plus « chasseur » et commence à parfaitement négocier son terrain tout en prenant de l’assurance et de l’envergure….
La suite au prochain numéro...